JUIN 2017 // L'INDICE BOHÉMIEN // VOL. 08 - NO.9

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JUIN 2017 VOL 8 - NO 9

BIENTÔT

DANS UN ZOO

PRÈS DE CHEZ VOUS?

SPÉCIAL PREMIÈRES NATIONS

08 EXPOSER POUR RAYONNER

14 KARL CHEVRIER : MARQUER SON TERRITOIRE

16 POW-WOW

DE PIKOGAN

Pour aller plus loin dans ta carrière en éducation!

PROGRAMMES DE 2E ET 3E CYCLES EN ÉDUCATION ADMISSION ENCORE POSSIBLE POUR L’AUTOMNE 2017!

22 L’AGRICULTURE

DANS LES VEINES

29 UN TRIO

EN BALADO


ÉDITORIAL

L’ADN d’une culture se définit par ses racines

Bientôt dans un zoo loin de chez nous? Comme dans une autre galaxie au loin, plus loin encore que ces premiers voyages qui ont déporté jadis des milliers de gens, la tête et parfois les valises pleines de rêves.

Lise Millette

Le vert tendre des jeunes pousses, des mélèzes et des feuillus éveillés amène enfin la promesse d’un nouvel été. Après un long hiver qui a osé venir nous narguer d’un dernier tapis de neige au début du mois de mai, les chants des oiseaux, l’odeur de la terre retournée pour le jardin, la vue des lacs calés et des couchers de soleil rose et violet annoncent la belle saison. Autant de beautés brutes d’un monde reculé qu’on ne voudrait pas échanger pour une pelouse de béton. Les fresques naturelles qui défilent au rythme des saisons sont autant de peintures vivantes. Elles sont la source d’inspiration de nos poètes qui, en contes ou en chansons, déclinent notre région. Nos livres d’histoires sont peuplés de récits épiques. Cette année, en AbitibiOuest, trois centenaires – Macamic, La Reine, La Sarre – nous rappellent comment les premiers colons ont tout quitté pour un nouveau monde qui, même austère, a su faire croitre des racines profondes. Ainsi, nos contrées lointaines, à des milles des grands centres qu’étaient déjà Montréal et Québec, portaient en elles des trésors cachés. Dans des bois où la vie est généreuse, cette nature a été vénérée comme sacrifiée, mais elle se montre résiliente. Cicatrices des vagues d’exploration, le ventre ouvert par les minières, ces galeries font néanmoins partie d’un tout. Ce sont les marques du temps, les légendes d’une jeune région. Ces meurtrissures constituent l’ADN de ceux qui y ont pris naissance et des autres, venus d’ailleurs, qui ont décidé d’y étendre leurs racines.

EN COUVERTURE ILLUSTRATION : STAIFANY GONTHIER

2 L’INDICE BOHÉMIEn JUIN 2017

Dans ce sol riche de minerai, où l’agriculture se pratique aussi, des générations ont su creuser, labourer, extraire, cultiver et s’ancrer à ce port de terre. Des canots d’écorce ont su se maintenir à flot sur des rivières de courage et des lacs qui foisonnent de vie eux aussi. Dans ces environnements aussi différents et aussi fertiles les uns que les autres, des trésors d’imagination ont pu éclore. « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », disait le chimiste Antoine de Lavoisier pour parler de la matière. Cette matière, lorsqu’il est question des arts, elle est partout. C’est un prisme que l’on déplace, la lumière qui traverse le verre, des bas qui forment le tissu d’un tipi pour Véronique Doucet, le métal, qui sous les doigts de Karl Chevrier, se change une œuvre admirable, les sons épars, qui pour Marionnette Pointue, créent une ambiance inquiétante, le petit village reculé de Clerval qui devient le titre d’une chanson de Lubik sur l’album Vivant. Mais quand la muse est menacée, alors l’ADN s’éveille. Quand on s’en prend à la matière, les poètes reprennent leurs crayons et tentent de préserver ce qui fait la beauté, ce qui fait l’unicité. Lorsque cet environnement dans lequel nos racines sont profondément enfoncées est ébranlées, les secousses se rendent jusqu’à la cime et au bout des branches. C’est pour cette raison que L’Indice bohémien dresse en une de son numéro de juin un caribou. Les caribous forestiers de Val-d’Or ont entendu le glas sonner. Ces habitants de la forêt sont menacés

d’une déportation qui pourrait leur être fatale. Henri Jacob et Richard Desjardins plaident pour une mort dans la dignité, mais derrière ces mots fatalistes, c’est l’ADN de ceux qui ont fait corps avec cette nature qui s’exprime. Trop de combats ont été menés pour laisser s’éteindre, sans mots dire, certains des nôtres. Bientôt dans un zoo loin de chez nous? Comme dans une autre galaxie au loin, plus loin encore que ces premiers voyages qui ont déporté jadis des milliers de gens, la tête et parfois les valises pleines de rêves. Chaque départ est un deuil, mais on se console de la promesse d’un ailleurs qui se veut meilleur. Qu’en est-il lorsque cette promesse, justement, n’est pas forcément au rendez-vous? Un journal culturel qui place en page couverture un caribou à la Polson dans une création de Staifany Gonthier c’est à la fois un peu incongru et audacieux. Dans son illustration, l’auteure semble avoir été inspirée par l’essence de la bête, comme si un sentiment d’urgence avait trouvé refuge dans les couleurs et les contours. Tout se transforme, oui, en voilà une éloquente démonstration. L’art peut être fragile et délicat ou encore vif et fort. C’est un langage fait de murmures et de cris pour porter des messages qui se partagent et se transmettent. Sans même un geste, l’art peut toucher là où aucune main ne peut se poser. Souhaitons que les cordes sensibles sachent résonner pour que la musique ne s’arrête pas pour les caribous, figures emblématiques de nos forêts.

SOMMAIRE CHRONIQUES L’ANACHRONIQUE TÊTE CHERCHEUSE ABITIBI MONTRÉAL CULTURAT PREMIERES NATIONS UN IMMIGRANT NOUS REGARDE ENVIRONNEMENT RÉGION INTELLIGENTE MA RÉGION, J’EN MANGE CALENDRIER

4 5 12 13 19 23 25 27 28 31

ENVIRONNEMENT 3, 25 DANSE 4 LITTÉRATURE 4-5,10 POLITIQUE 5,27 CINÉMA 6 MUSIQUE 7,13-28-30 ARTS VISUELS 8,11 GÉNÉRAL 9,13,23 THEATRE 12 PREMIÈRES NATIONS 14-18 AGRICULTURE 19-22

L’Indice bohémien est un indice qui permet de mesurer la qualité de vie, la tolérance et la créativité culturelle d’une ville et d’une région. ___________________________________ Journalistes-collaborateurs et CHRONIQUEURS Fednel Alexandre, Gina S. Brassard, Marta de la Calzada, Gabriel David Hurtubise, Michel Desfossés, Richard Desjardins, Manon G. Dessureault, Maurice Duclos, Virginia Dumont, Stéphanie Fortin, André Gagné, Francine Gauthier, Chantale Girard, Valérie Gourde, Henri Jacob, Virgil Laferté, Shanie Langevin, Daniel Lemieux, Caroline Lemire, Emilise Lessard-Therrien, Jessica Lesage, Philippe Marquis, Béatriz Mediavilla, Lise Millette, Michèle Paquette, Roger Pèlerin, Ariane Ouellet, Carmen Rousseau, Dominique Roy, Dominic Ruel et Denis Trudel ___________________________________ COLLABORATRICES DE SECTEUR Véronic Beaulé (Témiscamingue) Geneviève Béland (Val-d’Or) Madeleine Perron (Rouyn-Noranda) Sophie Ouellet (Abitibi-Ouest) Véronique Filion (Abitibi) ___________________________________ CORRECTRICE D’ÉPREUVES Milène Poirier ___________________________________ rédaction et communications Lise Millette redaction@indicebohemien.org 819 277-8738 ___________________________________ Graphisme Staifany Gonthier graphisme@indicebohemien.org ___________________________________ direction et ventes publicitaires Valérie Martinez coordination@indicebohemien.org 819 763-2677 ___________________________________ L’Indice bohémien est publié 10 fois l’an et distribué gratui­tement par la Coopérative du journal culturel de l’Abitibi-­Témiscamingue, fondée en novembre 2006. ___________________________________ conseil d’administration Dominic Ruel (président), Mathieu Ouellet (vice-président), Gaétan Petit (trésorier), Véronique Gagné (secrétaire), Julie Mailloux, Tonia Dominique et Fednel Alexandre ___________________________________ L’Indice bohémien 150, avenue du Lac Rouyn-Noranda (Québec) J9X 4N5 Téléphone : 819 763-2677 Télécopieur : 819 764-6375 indicebohemien.org ___________________________________ TYPOGRAPHIE Harfang : André Simard, DGA ___________________________________ ISSN 1920-6488 L’Indice bohémien


À LA UNE

Les caribous de Val-d’Or, plus que des 0,25 $

Cette harde de caribous va disparaitre, c’est sûr. Mais elle conserve l’ultime droit de mourir dans la dignité au sein de son territoire de toujours et non dans un camp de concentration.

Henri Jacob et Richard Desjardins

La quinzaine de caribous des bois de Val-d’Or sont les derniers survivants d’un troupeau qu’on dit « relique ». Ils sont physiologiquement différents des autres caribous, plus nordiques et plus nombreux aussi, que les Inuits appellent touktouk. Ces caribous forestiers aiment vivre dans des peuplements de conifères où le lichen abonde et où – important – la tranquillité fait loi. Jusqu’en 1989, ce groupe d’irrésistibles caribous occupait un territoire de 1100 km2 situé juste au sud de Val-d’Or. De temps à autre, on pouvait en apercevoir près de l’entrée nord du parc La Vérendrye. Le ministère des Transports y avait même fait planter un panneau jaune sur lequel était dessinée la silhouette de l’animal pour alerter les automobilistes de son éventuelle présence sur la route. Aujourd’hui, le panneau a disparu et les derniers caribous sont en voie d’être déportés par le gouvernement dans un zoo au Lac-Saint-Jean. Et dire que ce parc est devenu une réserve faunique en 1979! Ce changement de nom donnait l’impression qu’on allait faire plus attention à la faune, mais en fait, il confirmait la dévolution de sa flore aux compagnies forestières. C’est d’ailleurs le même ministère qui gère la forêt et sa faune. Nous allons voir comment cette dernière se fait bafouer à l’intérieur de ce département. L’actuelle crise du caribou illustre et symbolise parfaitement ce non-sens. Comment en est-on arrivé là? Triste et révoltante histoire. Peu après que le parc La Vérendrye eût changé de nom pour s’appeler réserve faunique, les abatteuses investissaient le territoire. On est au milieu des années 1980. Toute de suite, des citoyens inquiets ont sonné l’alarme. Le Regroupement écologiste Val-d’Or et environs (REVE) protesta vivement contre ce péril qui menaçait directement le troupeau de caribous constitué à l’époque d’une cinquantaine de bêtes. Et malgré les mises en garde énoncées publiquement par les biologistes du MLCP (à l’époque, la faune était gérée par le ministère Loisir, Chasse et Pêche [MLCP]), malgré des séances d’information tenues à Val-d’Or en 1984, 1986 et 1988, rien n’y fit. Le ministère a continué d’octroyer des permis de coupe dans l’habitat même du troupeau, niant le lien de cause à effet existant entre la déforestation et la survie de la harde. Au printemps de 1988, le REVE organisa des manifestations dans les rues et les cours d’école de la ville de Val-d’Or dans le but de lancer une pétition demandant au ministre responsable de la Forêt (MER) de revenir sur sa décision. Les jeunes de l’époque, en moins de cinq jours, ont recueilli plus de 3700 signatures auprès de leurs parents et aussi auprès d’adultes de la localité. La pétition fut acheminée au MER ainsi qu’au premier ministre Robert Bourassa. Trente ans plus tard, ces jeunes attendent toujours un accusé de réception. Dès le début, le REVE prédisait et décrivait les étapes qui mèneraient au déclin inexorable du petit troupeau si l’abattage des arbres n’arrêtait pas. Les parterres de coupe des peuplements d’épinettes matures – l’écosystème idéal du caribou – se régénèreraient tout d’abord en trembles et en bouleaux, attirant ainsi l’orignal, suivi de ses prédateurs naturels : le loup et l’ours qui, rendus sur place, ne refuseraient pas en passant un bon steak de caribou si jamais il apparaissait au menu. Ensuite, la prolifération des chemins forestiers – qu’aujourd’hui encore le ministère refuse de fermer après usage – susciterait une demande accrue pour les permis de camps de chasse et faciliterait l’envahissement du territoire par les amateurs motorisés : 4x4, VTT, motoneiges, et autres engins bruyants. Or, c’est bien documenté, le cari-

bou est une espèce extrêmement sensible au « dérangement ». (On estime aujourd’hui que ce dérangement affecte 92 % de son habitat.) Et tout cela arriva. Malgré la clarté de cette tragédie annoncée, le MER a octroyé en 1989 le permis d’exploiter cette forêt à la compagnie Forex – qui deviendra Domtar – tout en continuant de fanfaronner que ça se ferait sans préjudice pour les caribous. Préjudices il y eut. Le troupeau d’une cinquantaine de bêtes qui se maintenait, selon les spécialistes, tout juste au seuil minimal de reproduction se mit à décliner comme prévu, année après année. En 2009, le technicien en faune Jonathan Leclair, alors associé au Anicinapek (Algonquins) de Kitcisakik, organisa un vaste colloque « de la dernière chance » à l’UQAT, à l’issue duquel s’imposa la nécessité d’un solide plan de redressement. En ce sens, un comité de rétablissement vit le jour au printemps 2010. Y siégeaient l’UQAT, le REVE, l’Action boréale, des villégiateurs, des représentants de trois communautés autochtones, des gens mandatés par le ministère des Forêts, la Ville de Val-d’Or et la MRC. Ne manquaient que les caribous. De ces travaux en résulta la nécessité de décréter un moratoire sur les coupes forestières dans l’habitat résiduel du caribou et aussi de fermer les chemins attenants. Le ministère refusa et s’obstina dans son déni. Devant cette intransigeance, et pour ne pas se faire complice de l’extinction du caribou, une majorité des membres du comité en vinrent à démissionner en bloc. Le ministère resta à table avec les chasseurs et les gens mandatés par l’UQAT, la MRC et la Ville de Val-d’Or. Ils y sont peut-être toujours, nous n’avons depuis reçu aucune nouvelle d’eux. Dans l’espoir de transformer sa profonde bêtise en coup d’éclat médiatique, le ministère, au printemps 2015, procéda à la capture de femelles en gestation pour les garder sous enclos et les soustraire aux prédateurs. Une femelle et son faon moururent durant l’opération. On mit fin à l’expérience. Et puis finalement, ce printemps, le ministre Luc Blanchette, responsable de la Faune et de la coupe des arbres, annonce avoir trouvé la solution « la plus intelligente » : déporter la quinzaine de caribous au zoo de Saint-Félicien, dans le comté du premier ministre, soi-disant pour les sauver d’une mort certaine. Cette harde de caribous va disparaitre, c’est sûr. Mais elle conserve l’ultime droit de mourir dans la dignité au sein de son territoire de toujours et non dans un camp de concentration. Nous y veillerons. Espérons enfin que la disparition de la harde de Val-d’Or nous serve de leçon pour que ne se répètent plus les erreurs de gestion envers les autres hardes de caribous forestiers, là où ils sont en nombre encore suffisant pour pouvoir se perpétuer. C’est un devoir que nous, les gardiens de la Terre, leur devons, à eux, les caribous. C’est aussi un devoir de mémoire envers les générations futures : nos enfants qui deviendront à leur tour les gardiens de la Terre. Henri Jacob, militant écologiste et président de l’Action boréale Richard Desjardins, vice-président de l’Action boréale. L’INDICE BOHÉMIEn JUIN 2017 3


L’ANACHRONIQUE

DANSE

LA RELÈVE Philippe Marquis

On doit juste prendre conscience qu’il faille « faire de la place ».

Un autre salon du livre vient de prendre fin. Cette activité migre d’une municipalité régionale de comté (MRC) à l’autre et dure depuis 41 ans. L’an prochain, Val-d’Or prend la relève! Je l’ai déjà écrit ici : rien ne se fait seul. Une œuvre ne s’accomplit pas sans nos semblables. Quoiqu’en pense les portevoix du chacun pour soi, nous sommes essentiels les unes, les uns aux autres. Notre communauté est là où notre engagement peut avoir tout son sens. C’est ici que ça se passe!

Puis arrive le moment où l’engagement se termine. Il ne peut être plus éternel que nous… Alors, ce club de karaté que tu tiens à bout de bras depuis 30 ans? Cette troupe de théâtre dont les planches ne brulent guère plus? Ce groupe communautaire qui cherche son souffle? Qu’advient-il de ces lieux lorsque les volontaires manquent à la tâche, se dispersent ou prennent leur retraite?

Bravissimo! Encore! Francine Gauthier

Pour une deuxième année consécutive, la troupe Vire-Volt de l’École de danse d’Abitibi-Ouest s’est démarquée en avril à Terrebonne – et de fort belle manière – lors de la compétition Bravissimo, qui suscite toujours autant d’intérêt. Lors de voyages culturels, les régions éloignées comme la nôtre doivent composer avec les limites qu’impose la distance. Alors, l’investissement requis pour la participation de la troupe à une telle compétition hors frontières nécessite la mise à profit optimale de toutes les retombées didactiques positives et constructives qui résultent de cette expérience sur l’ensemble des élèves de l’École de danse. Elles sont nombreuses. Plusieurs éléments permettent de mesurer l’importance de cet évènement dans le cœur des participantes. C’est d’abord une rencontre en un lieu de ressourcement et d’échanges. C’est surtout un spectacle de haut niveau, d’une part des écoles de danse et, d’autre part, d’artistes canadiens de la danse de niveau professionnel et semi-professionnel à l’international invités pour l’occasion à performer sur scène, au grand bénéfice des élèves de toutes les écoles de danse présentes. C’est également une formidable source d’émulation et de motivation. Les observations faites par les juges et les chorégraphes dans le cadre de la compétition seront suivies de leur mise en pratique dans un travail de perfectionnement inspiré qui se traduira dans le temps par l’acquisition de compétences profitables à toutes.

Certains s’éteignent ou vivotent au gré des souffles qui les attisent. D’autres, par contre, se relèvent! Leurs acteurs ont l’ouverture nécessaire pour accueillir de chaudes énergies. Ils acceptent de nouvelles idées et façons de faire. Ils encouragent les jeunes à « s’essayer ». Ils reconnaissent la nécessité de laisser d’autres forces pousser sur la roue et faire avancer l’histoire. Ils comprennent aussi que le savoir et les outils disponibles à la nouvelle génération font un travail autrefois abattu par beaucoup de personnes. Il ne reste, pour ces bonnes volontés toutes neuves, qu’un peu d’expérience à amasser. Et cette expérience peut fort bien se transmettre… Une œuvre collective se maintient dans le temps grâce à la relève qui apprend à l’entretenir. Les exemples de projets qui durent pullulent tant en Abitibi qu’au Témiscamingue! Il est vrai que l’éthique du travail des « jeunes » diffère : ils et elles savent prendre du temps pour leur famille ou fermer la porte après cinq heures le vendredi lorsque nécessaire. Je ne sais si c’est un préjugé, mais ils me semblent plus sains, moins anxieux et très engagés lorsque convaincus du bienfondé de la « cause ». Il s’agit juste de les convaincre! Leur soif de connaitre ce qui les a précédés est toute aussi grande que leur envie de poursuivre la marche entreprise. Une relève s’amène à tous les niveaux présentement : tant dans les conseils d’administration d’organismes à but non lucratif que dans les entreprises, tant à l’Union des producteurs agricoles que dans les centres de la petite enfance ou dans les administrations municipales. Moi qui balance entre la génération X et celle de leurs parents, j’assiste à de multiples et très stimulants « passages du flambeau ». On doit juste prendre conscience qu’il faille « faire de la place » et passer le relai le temps venu. Rien ne se fait seul, il y a tout un travail à poursuivre et des défis immenses à relever. Sans regards neufs, nous risquons de ne pas voir clair à l’avenir. Pour moi, le futur vous est entièrement ouvert. Bienvenue!

Annabel Melançon

Mais l’École de danse d’Abitibi-Ouest s’illustre déjà, grâce à 23 ans d’existence sous la direction de Mme Nathalie Durocher et de la présidence de Mme Lise Trépanier. Ainsi, les filles n’étaient pas intimidées et n’avaient rien à envier aux autres troupes. À preuve, les danseuses de la troupe Vire-Volt ont remporté une 2e position dans leur catégorie pour leur chorégraphie Embrasement, inspirée des feux de forêt des débuts de la colonisation relatés par Jocelyne Saucier dans son roman Il pleuvait des oiseaux. La troupe avait d’autres numéros à présenter, dont le solo Le bruit du silence, interprété par Ariane Lavoie, qui a récolté la 1re place en danse contemporaine chez les 10-12 ans. Le duo Du rêve au cauchemar de Sara-Ève Aubin et Daliane Audet a, quant à lui, décroché une 3e place en jazz chez les 13-16 ans. Trois présentations, trois prix! Les jeunes danseuses ont bien réagi aux commentaires des juges les félicitant d’avoir remporté tant d’honneurs. De retour, elles n’ont pas tardé à partager leurs réactions, leur expérience et leur fierté avec toutes les élèves présentes et leur famille lors d’une fête soulignant leur succès. Ces mentions et commentaires élogieux ont embrasé leurs prestations des 20 et 21 mai alors qu’elles présentaient avec enthousiasme le fruit des efforts de toute une saison de travail qui portait sur le thème du centenaire de la Ville de La Sarre, à la Salle Desjardins.

indicebohemien.org 4 L’INDICE BOHÉMIEn JUIN 2017

Avec Bravissimo, une fois de plus, on a pu démontrer au moyen de la danse que la discipline, la créativité et le perpétuel renouvèlement par le travail passionné trouvent leur récompense dans la reconnaissance et la joie que le dépassement de soi procure, en soi et autour de soi, pour le plaisir de tous.


LITTÉRATURE

Visionnaire de la science-fiction et du fantastique, Joël Champetier rayonne toujours Lise Millette

Le prix Hommage visionnaire de la science-fiction et du fantastique québécois a été remis à la veuve de Joël Champetier, Valérie Bédard, lors du congrès Boréal 2017. Né à La Corne en 1957, Joël Champetier a aussi habité une dizaine d’années à VilleMarie, au Témiscamingue. Son œuvre s’est déclinée sous plusieurs genres, mais c’est surtout son univers fantastique et ses récits de science-fiction qui ont marqué son public. Son engagement auprès de la revue Solaris, dont il a été l’un des piliers, a contribué à l’émergence de plusieurs auteurs et au rayonnement de tant d’autres. Il en a fait le terreau fertile de plusieurs vocations littéraires. « Pour la qualité et la diversité de son œuvre et son rayonnement chez nous via le cinéma et à l’étranger via la traduction, pour la diversité aussi des publics qu’il a su toucher, adultes et jeunes, et enfin pour son inlassable et généreuse activité de directeur littéraire, aussi bien auprès des auteurs québécois que des auteurs francophones hors Québec, Joël Champetier occupe une place d’une importance incontournable dans la littérature de genres en français », a déclaré Élisabeth Vonarburg, auteure et première lauréate du prix Hommage visionnaire.

Karl Dupéré-Richer

Ce prix est remis tous les deux ans. Il s’agit d’un hommage pour souligner l’ensemble d’un œuvre et de la carrière d’un auteur. Valérie Bédard, sa conjointe, raconte comment M. Champetier a su qu’il serait honoré par le milieu auquel il a contribué durant tant d’années. « Mon mari a été avisé en mai 2015, il était mourant. Il en a pleuré de joie », a confié son épouse. M. Champetier est décédé quelques jours plus tard, à Saint-Séverin, en Mauricie, en sachant que sa mémoire serait saluée. Avant de remettre le trophée réalisé par Karl Dupéré-Richer à Mme Bédard, Alain Ducharme, coordonnateur du prix Hommage visionnaire, a tenu à livrer quelques mots en l’honneur de l’auteur disparu.

« Il serait difficile pour moi de résumer tout ce que Joël a pu m’apprendre, alors je n’essaierai pas. Mais je peux dire que Joël est quelqu’un qui a eu sur moi une influence majeure, et que je me sens privilégié de l’avoir connu et de l’avoir lu », a exprimé M. Ducharme. De retour chez elle, Mme Bédard a placé le trophée dans la maison, bien en vue. « Ce petit arbre, posé dans le corridor, me regarde. Il est magnifique », a mentionné Mme Bédard, à son retour de Québec. « Il a laissé une œuvre importante. La relève lui doit une fière chandelle », a-t-elle conclu.

TêTE CHERCHEUSE

LE NOUVEAU CLIVAGE Dominic Ruel

Il ne fallait pas non plus exagérer. Marine Le Pen n’avait aucune chance de devenir présidente de la France. Mais bien des gens ont tremblé. Elle allait compléter le tour du chapeau, après le Brexit et Trump. Macron a agi comme une digue contre la marée du populisme. Ce résultat n’est pas intéressant en soi. Ce qui l’est, c’est ce deuxième tour Le Pen-Macron. Les deux candidats ont passé l’année à vouloir casser les codes, annonçant une nouvelle façon de structurer le débat politique. La France a inventé le clivage gauche/droite. Octobre 1789, les députés délibèrent à Paris. Les uns, hostiles à la Révolution, méfiants de ses suites, s’assoient sur le côté droit de la salle. Les autres, plus favorables à la Révolution, s’assoient à la gauche du président. De cette division datent les clivages entre une droite réputée conservatrice et une gauche révolutionnaire ou réformiste. C’est ce qui rythme la vie politique en Occident depuis longtemps. La présidentielle française a dynamité tout ça et a offert un nouveau clivage, qu’on avait pu deviner aussi, l’automne dernier aux États-Unis, et percevoir avec le vote sur le Brexit. Clivage né de l’incompréhension ou d’un aveuglement des politiques depuis des années. Christophe Guilluy, géographe, auteur d’un essai sur les classes populaires abandonnées, trace un portrait : Les grandes villes contre la périphérie. Les nomades hypermobiles et connectés au monde, contre les sédentaires. Les gagnants de la mondialisation contre les perdants. Ceux qui ont réussi à encaisser la crise de 2008 contre ceux qui l’ont prise de plein fouet. Ceux qui prônent une société ouverte tout en s’en protégeant contre ceux pour qui c’est plus compliqué. En gros, c’est nationalisme contre mondialisme, système contre antisystème. Au Québec, la question nationale a longtemps défini les positions politiques. C’est le PQ et les libéraux. Mais avec l’émergence de l’ADQ devenue la CAQ il y a 15 ans, avec Québec solidaire depuis 2007, le débat a pu se faire aussi sur un axe gauche/droite. À peine installé, ce clivage pourrait lui aussi disparaitre. Le Québec n’est pas coupé des tendances globales de l’économie ni protégé des fracas et inquiétudes du terrorisme et des flux migratoires. Avec une gauche qui abandonne les luttes sociales pour se concentrer sur le sociétal et la défense des minorités, avec une droite qui a délaissé son progressisme pour un discours simpliste et un conservatisme plus hard, ce sont les mouvements qui proposeront une nouvelle grille de lecture de la société québécoise qui iront chercher l’attention et le vote. Déjà que les partis politiques traditionnels sont considérablement déconsidérés. Le clivage monde/nation, élites/peuple, ouverture/protection, identité/multiculturalisme, peu importe, n’est pas mal en soi. Il n’y a ni bons ni méchants, mais seulement des questions, des inquiétudes aussi, qui vont demander les meilleures réponses par des leadeurs qui n’auront pas peur de dire les choses.

L’INDICE BOHÉMIEn JUIN 2017 5


CINÉMA

Dominic Leclerc et Alexandre Castonguay récidivent avec Les Chiens-Loups Peut-être avez-vous entendu parler de ce projet, par des amis ou par votre enfant si vous habitez le Vieux Noranda. Depuis une session, l’école Notre-Dame-de-Protection est animée par un projet magnifique : celui des Chiens-Loups. On peut même en voir les traces dans les corridors de l’école, où différents travaux des élèves et animaux empaillés font référence à la faune, à la nature et à ce qui est peu tangible, mais essentiel à tout un chacun : la liberté. C’est l’idée d’Alexandre Castonguay et de Dominic Leclerc, duo que l’on a connu entre autres avec le magnifique film Alex marche à l’amour. Ils questionnaient l’amour dans ce documentaire très poétique et touchant et ils se frottent maintenant à la notion de liberté avec la fable de Jean de La Fontaine, Le Loup et le Chien.

CHRISTIAN LEDUC

Béatriz Mediavilla

Pour Alexandre, ce projet lui permet d’aller plus loin dans son travail de comédien : Dans la personne de l’enfant, j’ai affaire à un vrai professionnel du jeu… Enfin, quand j’ai affaire à un enfant qui a encore son « cœur d’enfant ». Parce qu’il y en a qui l’ont perdu. Sans égard à leur situation financière, la désillusion happe parfois très tôt, autant les riches que les pauvres. Donc, ces acteurs nés me donnent des leçons d’humilité, d’abandon, d’autodérision, sans compter que je ne leur vais pas à la cheville en informatique, pour ne nommer que cette matière. Mes études primaires étant aujourd’hui devenues un souvenir vague, les enfants ne manquent jamais l’occasion de mettre à jour mes connaissances, même les plus élémentaires!

Cette recherche et ce travail de création se font dans une école traditionnelle, lieu où l’on enseigne à notre jeunesse, dans un cadre bien particulier et structuré, à vivre libre par l’acquisition du savoir. Professeurs, direction et élèves ont donc mis la main à la pâte pour que la liberté puisse devenir visible et comprise. Quel point de départ stimulant, n’est-ce pas? D’autant que l’institution offre une grande liberté à ses créateurs en permettant des cours à l’extérieur de l’école, comme on peut le voir dans le démo du film où l’on sent déjà la magistrale facture visuelle de Dominic Leclerc et l’engagement total d’Alexandre Castonguay dans ce projet. Comme quoi les écoles et les enseignantes (et enseignants) ont à cœur la spécificité de leurs élèves sans avoir besoin de réformes et de formulaires. Et ce qui est encore plus beau et touchant, c’est que les enfants de l’école ont voix au chapitre. Ce sont aussi eux qui parlent, définissent et traduisent ce que, pour eux, représente la liberté. On a vraiment envie d’en voir plus. Comme le disent les instigateurs du projet, « cette école est située au cœur d’un quartier industriel défavorisé typiquement abitibien : d’un côté, les arbres, le lac, les grandes maisons riveraines et le ciel à perte de vue; de l’autre, la fonderie, les ruines de la mine à l’origine de la ville, les petites chaumières mal isolées. Ici, les classes sociales ne sont pas divisées en quartiers. Ils s’en partagent un. C’est dans cette trame de fond que l’artiste en résidence Alexandre Castonguay travaille avec les enfants la fable porteuse d’une dichotomie forte : la rencontre d’un chien en laisse bien nanti et du loup sans collier ni prochains repas de prévus ». C’est aussi ce que l’on décide quand on est un artiste. La liberté de créer sans contraintes devient parfois plus importante que d’avoir un repas gastronomique. On apprend à se contenter de choses plus simples, puisque l’essentiel de la vie réside aussi dans ce besoin de liberté et de création. On a souvent plus d’un travail lorsqu’on est artiste.

De son côté, Dominic peut aussi, par ce projet, travailler librement en tant qu’artiste réalisateur et monteur dans un contexte où la création prime avant tout, comme il le dit lui-même : Passer autant de temps dans cette école, c’est hyper stimulant. C’est un super beau terrain de jeu parce que c’est à la fois un microcosme (qui s’avère un joyeux reflet de notre société) et une sorte d’immersion dans l’enfance. Mais c’est également un lieu où il y a des règles et une routine très répétitive. Capter les questionnements par rapport à la liberté d’Alexandre en juxtaposant les différentes réalités des enfants s’avère tellement cohérent… Ça rend ce tournage très grisant. Une campagne de sociofinancement est en cours afin de compléter le tournage et la postproduction. Voilà une belle façon de faire un geste concret pour soutenir les artistes, mais aussi les élèves et l’éducation : haricot.ca/project/leschiensloups. Ne manquez pas ça! En prime : votre nom au générique d’un film qui, comme Alex marche à l’amour, ira loin.

AVANTAGE EXCLUSIF AUX MEMBRES

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6 L’INDICE BOHÉMIEn JUIN 2017


Marionnette Pointue et les ficelles d’un univers décousu Lise Millette

Dominic Bérubé travaille comme coordonnateur de la Maison du Frère-Moffet, ce religieux entêté dont l’obstination a eu raison de ses supérieurs religieux et lui a permis d’hériter du titre de père de l’agriculture du Témiscamingue. S’il travaille à Ville-Marie dans la plus vieille résidence encore debout du Témiscamingue (elle date de 1881), Dominic Bérubé, de son nom d’artiste Marionnette Pointue, a lui aussi sa propre histoire qui n’a rien de banal. Originaire du Témiscamingue, Dominic Bérubé est allé vivre quelques années à Montréal avant de revenir dans la région en 2011. « J’en suis à ma cinquième carrière depuis je suis revenu ici. J’ai même été croquemort », raconte-t-il en riant, ce qui met déjà la table pour un récit singulier. Les différents milieux de travail fréquentés depuis son retour au Témiscamingue ont certainement teinté, par le fait même, son imaginaire. De croquemort à son travail dans une mine à forer avec une pointe de diamant jusqu’au musée du Père Moffet, ces environnements ont laissé des traces dans un imaginaire déjà fertile.

qu’une expérience plus planante et jazz-lounge est offerte sur Urbanophone. L’autre album, La Marée et la Lune, suggère une tout autre atmosphère que Dominic Bérubé décrit comme « proche du dark ambient, s’inspirant de l’imagerie maritime et astronomique du 19e siècle ». Voyager avec Marionnette Pointue, c’est accepter de voguer entre des mondes qui intriguent et inquiètent, qui sont empreints de mystères et souvent déroutants. Plusieurs pièces s’écoutent comme la trame sonore d’un film dont il faut soi-même produire les images. Cette musique peut vivre d’elle-même ou encore devenir l’emballage d’une autre création. « C’est une musique très cinématique. Les pièces génèrent beaucoup d’images et viennent créer des ambiances planantes propres à la création. Elles pourraient devenir la trame d’expositions, par exemple », ajoute Dominic Bérubé.

100 % Témis... « Je fais tout moi-même! J’ai même acheté une tour pour dupliquer les albums », lance-t-il. Après la faillite de différentes compagnies de distribution, dont Local Distribution et DEP, les artistes doivent trouver d’autres manières de partager leur musique. Pour Dominic Bérubé, la stratégie passera par plus de 200 plateformes numériques sur des marchés tant canadien qu’européen et asiatique, quelques disquaires en Abitibi et même... du porte-à-porte. « C’est aussi une façon d’expliquer ma démarche aux gens et d’avoir une proximité avec le public. Ça ne se traduit pas toujours par des ventes, mais je présente mon projet. » Il y voit également une manière de faire du markéting direct. Et les rencontres avec les gens débouchent par moments sur des demandes inusitées. « Je me suis fait encore demander des cassettes lors de mes sorties porte-à-porte. À un point où... j’y pense », affirme-t-il. De la musique électro sur ruban? Décidément, Marionnette Pointue refuse toute frontière...

Émilie B. Côté

« J’ai toujours la tête pleine de projets », avoue candidement Dominic Bérubé. Ce boulimique des sons et des agencements a accumulé une quantité considérable de matériel et de pièces, mais n’a pu réunir le tout avant maintenant. « Je n’avais pas le temps ni les moyens pour sortir mes albums », explique-t-il. Et puis, il y avait aussi la petite famille, mais les enfants sont plus grands à présent. C’est donc un concours de circonstances, des revenus qui s’améliorent et un travail saisonnier où les périodes creuses riment avec inspiration fructueuse qui ont fait que Marionnette Pointue peut ainsi livrer son matériel planant, énigmatique par moments, tantôt jazz, un peu nouvel âge et parfois résolument dark ambient.

La boite à musique s’emballe «  La machine à musique ne s’arrête jamais  », reconnait Dominic Bérubé, qui annonce déjà l’arrivée d’un cinquième album en 2018, Mystik Machine, avec du tout nouveau matériel. « À Montréal, j’avais mes cercles et si j’avais besoin de quelque chose, je pouvais échanger. Ici, j’ai dû faire usage de banques de sons libres de droits et faire mes montages avec Audacity. Mais pour le prochain album, je me suis monté une banque de sons avec de la guitare, de la base, des enfants qui jouent, des chants d’oiseaux. Ce sera vraiment moi, de A à Z », annonce-t-il.

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Le 19 mai à Lorrainville, dans la Fabrique de Geppetto, Marionnette Pointue a choisi de lancer, d’un seul coup, quatre albums : Les vestiges de l’Homme, Urbanophone, La Marée et la Lune et Pineal Party, dont les pochettes ont été réalisées par l’artiste visuelle témiscamienne Émilie B. Côté. Ces quatre albums ne sont pas tant une suite que quatre univers distincts. Différents et reflétant aussi l’auteur lui-même, qui refuse la contrainte de s’imposer (ou de se limiter) à un style. Il préfère se laisser porter par les courants. Les vestiges de l’Homme, par exemple, comptent des pièces qui remontent à 2012. « J’étais dans une période de ma vie un peu plus difficile. Les vestiges étaient aussi les miens. On y retrouve un son électro, mais inspiré du rock progressif », résume Dominic Bérubé.

À l'Aréna Nicol Auto de La Sarre

Sur Pineal Party, Marionnette Pointue propose plutôt une trame méditative alors L’INDICE BOHÉMIEn JUIN 2017 7


ARTS VISUELS

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Rock Lamothe : exposer pour rayonner Chantale Girard

Nous sommes le vendredi 5 mai dans le Vieux Noranda et se tient, à la galerie de Rock Lamothe, le troisième vernissage depuis son ouverture. La petite salle est bondée, les gens bavardent, contents d’être là, et l’artiste, Brigitte Toutant, resplendit. Pour un artiste, avoir du monde à son vernissage est essentiel : l’acte de création se veut souvent un acte solitaire et sa présentation au monde, une récompense inestimable. Quelqu’un d’autre est content également : Rock Lamothe, le propriétaire de la galerie. Ce projet de lieu d’exposition , il y pense depuis longtemps, estimant que l’AbitibiTémiscamingue a besoin d’une galerie comme la sienne. Il faut comprendre que Rock Lamothe propose beaucoup plus qu’un simple endroit de consignation des œuvres qu’un artiste soumet à une galerie. D’abord, Lamothe choisit les artistes qu’il expose : ayant formé pratiquement tous les artistes de l’AbitibiTémiscamingue, il possède une expertise unique en région. Aussi, il ne se limite pas à la simple proposition d’artistes : il veut également travailler au développement des publics en offrant des activités autour des expositions. D’abord, il tient des rencontres informelles avec l’artiste en milieu d’exposition: le public est invité à venir converser avec l’exposant, à échanger avec lui afin de mieux comprendre sa démarche. Ces rencontres ont lieu les mercredis soirs. Ensuite, la galerie ne se limite pas seulement à des interventions entre ses murs : le galeriste publie également de courts textes sur le Web afin d’aborder de grandes questions sur l’art contemporain. Ces textes sont clairs et destinés au grand public. Rock Lamothe veut également œuvrer à la promotion de la carrière des exposants, montant des dossiers, les présentant à de grandes institutions muséales (au Musée d’art contemporain, par exemple) ou à de grandes collections québécoises. Il veut être un acteur du rayonnement des artistes régionaux. Finalement, il veut intéresser le milieu des affaires à l’acquisition d’œuvres d’art, marché inexploité en région, mais combien intéressant! Il faut comprendre que les compagnies ont accès à des incitatifs fiscaux à l’achat d’œuvres d’art et comme leur capacité de payer est beaucoup plus importante que celle des particuliers, il s’agit d’une opportunité pour le milieu de l’art d’ici. La galerie est située au 1312, 8e Rue, Rouyn-Noranda Photos : courtoisie

« Comme professeur d’université, j’ai travaillé toute ma vie dans ce sens-là, je veux continuer à ma retraite », de préciser Rock Lamothe.

Évidemment, de telles ambitions demandent du temps et de la disponibilité, ce que possède Rock Lamothe depuis qu’il a pris sa retraite au printemps dernier. Durant sa dernière année d’enseignement, il a suivi une formation au Musée d’art contemporain de Montréal sur le collectionnement afin d’être prêt pour lancer sa galerie. L’ouverture officielle a eu lieu le 3 mars dernier avec une exposition de Donald Trépanier. Le 7 avril, la galerie a reçu Virginia Bordeleau. En fait, les vernissages ont lieu le premier vendredi du mois et se succèderont des artistes connus de l’Abitibi-Témiscamingue : Gaétane Godbout, Véronique Doucet, Martine Savard et bien d’autres encore. Ce qu’il faut souligner, en terminant, c’est l’extrême générosité du galeriste, qui a beaucoup donné durant sa carrière d’enseignant et qui continue de donner : donner du temps, donner de l’argent (car il ne faut pas se le cacher, il s’agit d’un risque financier réel) et, surtout, partager avec le milieu son expertise et ses compétences. Rock Lamothe avait comme mission de promouvoir l’art contemporain en début de carrière : maintenant à sa retraite, il garde sa motivation intacte. C’est une chance pour nous. > rocklamothe-artcontemporain.ca 8 L’INDICE BOHÉMIEn JUIN 2017


Contre la suite du monde Gabriel David Hurtubise

La réponse à un sondage mené auprès des jeunes belges de la génération Y est foudroyante : 59 % pensent que l’avenir de leurs enfants sera pire que le leur et 98 % croient que les politiciens sont corrompus. Mais, qu’est-ce qui nous révolte et nous déprime autant, les jeunes? Nous avons tout, il faut bien l’avouer. Ce n’est certainement pas notre condition qui est à plaindre. Nous le savons, merci. Voyez, il s’agit plutôt des perspectives d’avenir de tout ce qui vit en ce bas monde. Devant, trop de chemins potentiels nous laissent un arrière-gout en bouche. Il fait beau, mais ça goute la mine. Difficile d’y voir clair lorsque les dieux sont en guerre. Écran de poussière.

Le diagnostic scientifique est sans équivoque : à ce rythme, vous êtes nés au début de la fin. Alors, oui, plusieurs sont effectivement inquiets pour l’avenir de leurs hypothétiques enfants.

Il est désormais évident que les scientifiques et les politiciens ne s’entendent pas sur le domaine qui constitue la priorité mondiale. Les premiers insistent sur le fait qu’on doit éviter le gouffre écologique pendant que les seconds gardent le cap sur la croissance économique. Faute de grands leadeurs politiques ou de Dieu, peut-être, les jeunes s’efforcent néanmoins de croire en quelque chose : la science. Dans l’optique où la génération Y a été éduquée à s’intéresser aux questions sociales et environnementales, il ne faut donc pas s’étonner qu’une importante proportion d’entre nous se trouve mal alors que les scientifiques s’entendent pour dire que nous fonçons à pleine vitesse dans une catastrophe écologique, principalement causée par les grandes puissances industrielles (dont la nôtre).

fait son contraire, comme tout le monde. Seulement, l’effort collectif augmente. Le boycottage de certains produits trop nocifs, les pétitions, le végétarisme, etc. Lorsque l’action ne suffit pas, on gueule. Forcément, la nuit, on se fait matraquer par les autorités parce qu’on ne veut rien savoir de la suite du tel monde. Du moins, tel qu’il est (excusez-nous du dérangement, au passage). Après, le jour, plusieurs font du vélo à une seule vitesse, sorte de flagellation moderne pour mieux expier ses fautes (théorie qui expliquerait l’absurdité de la chose, du moins). D’autres, encore, s’habillent comme leurs parents ou leurs grands-parents, inconsciemment nostalgiques d’une époque qu’ils n’auront jamais vécue (hélas!). Puis, chacun rêve de cultiver son lopin de terre à la suite d’une surdose d’écrans et, surtout, pour s’assurer un bon gros banquet au cas où ça tournerait mal…

Il serait plutôt inquiétant, au contraire, de constater un optimisme généralisé. De la culpabilité, voilà ce qui nous habite au quotidien. Sentiment tantôt paralysant, tantôt moteur d’action. Culpabilité qui porte sur un mode de consommation que nous répugnons, mais perpétuons néanmoins. Culpabilité par rapport à notre incapacité à transformer radicalement celui-ci, aussi. Oui, à force d’incarner ces tensions, nous sommes effectivement désillusionnés, découragés de nous agiter inutilement dans la vase qui fut laissée derrière l’or. Voilà.

Et puis quoi? Ensuite, il faut dire que le contexte idéologique est lourd. Nous avons vu le jour à l’époque du postmodernisme, qui a suivi l’après-guerre. Ça sonne comme si nous avions manqué quelque chose, n’est-ce pas? Le préfixe post se colle à toutes nos idées, celles des derniers siècles. Nous sommes visiblement dans le « puis après quoi? ». Il ne nous reste plus qu’à étendre le tout, à « développer » le monde entier, telle est notre « mission ». Les grandes institutions internationales (PNUD, BM, FMI) font la promotion d’un futur où tous auraient les mêmes « opportunités » économiques, on parle même d’un « droit au développement ». Ultimement, cela se ferait aussi de manière « durable », selon les dernières tendances d’ici : vous d’abord, nous suivrons… au besoin. Suffit de creuser un peu pour comprendre ce qui est décourageant. Derrière ce discours politique, on retrouve le même plat froid qu’auparavant : l’impératif de la croissance économique. Partout, encore, toujours. On y a ajouté une saveur de moralité pour que ça passe mieux, point. Même assiette, seules les épices diffèrent d’une génération à l’autre. Le diagnostic scientifique est sans équivoque : à ce rythme, vous êtes nés au début de la fin. Alors, oui, plusieurs sont effectivement inquiets pour l’avenir de leurs hypothétiques enfants.

Nous irons au paradoxe Changer le monde est certainement une affaire complexe. Il faut cesser de déféquer dans l’eau potable, certes, mais nous trébuchons sur des milliers de kilomètres de tuyaux. Alors on continue, on s’enfarge toujours plus. À qui la faute? Nous, vous, moi : tous coupables du statuquo. Heureusement, cette nécessité de changer de paradigme fait du chemin dans les esprits. Peut-être est-ce dû au fait que l’état actuel du monde est mieux connu que jamais auparavant? Chose certaine, c’est une chance unique d’en apprendre davantage.

PARTEZ À LA RENCONTRE DES PREMIÈRES NATIONS RENDEZ-VOUS DES POW-WOW

AUTRES ACTIVITÉS

Fort-Témiscamingue › 21 juin Pikogan › 10 et 11 juin Lac Simon › 22 et 23 juillet Timiskaming First Nation › 26 et 27 août

Site culturel Kinawit Musée de Pikogan, Abitibiwinni, l’expérience algonquine Camp lucarne pourvoirie anishinabek Algonquin Canoe Compagny Lieu historique du Fort-Témiscamingue

Alors on s’informe du portrait global sur la toile. Puis, lorsque les feuilles tombent, c’est la migration vers le savoir des grandes villes. On discute changement, on critique, on traine très longtemps à l’université. Malgré cela, on dit une chose et L’INDICE BOHÉMIEn JUIN 2017 9


CONTE

Retour sur de Festival de contes et légendes Le 14e Festival de contes et légendes de l’Abitibi-Témiscamingue s’est tenu du 9 au 14 mai dernier. Histoires, récits, musiques : les personnes qui ont assisté aux différents spectacles ont pu être transportées dans différents univers. L’Indice bohémien vous offre de relire le conte Le lion, la hyène et le singe, présenté par Marta Saenz de la Calzada, une habituée du festival et figure littéraire bien connue de Rouyn-Noranda. Cette histoire du Cameroun se retrouve dans son livre Moi, ma mère me racontait, sous sa forme intégrale.

Le lion, la hyène et le singe Marta Saenz de la Calzada

Les enfants adorent le moment où la maman allume une lampe tempête pour créer une ambiance propice au voyage dans la tête. Ils s’installent par terre et regardent les parents qui trônent dans le sofa. Et quand les enfants ont cessé de chahuter et que le silence est là, la mère dira les mots magiques :

– Ah non! Conteste la hyène. Ce n’est pas ce qui était entendu. Ce n’est pas une récompense ça, je ne me laisserai pas manger.

– Toli, toli?

Le lion et la hyène sont là, à s’obstiner, l’un préparant ses griffes, l’autre essayant de se sauver de l’étreinte du lion. Tout à coup, N’Kee, le singe passe par là.

– Elle ne ricane plus, la hyène, rigolent les enfants

– Toli! Nous voulons une histoire! répondent les enfants en chœur. – Le singe est intelligent et vif comme moi, dit l’ainé – Une fois, il y avait un énorme et majestueux lion. – Ce lion majestueux était tombé dans un puits profond. Il avait besoin d’aide.

– Je ne suis pas si sure de ça, le taquine la mère. Mais, tu peux faire le singe si tu veux. Que dit-il au lion et à la hyène?

– Au secours! Au secours! clame le père de sa grosse voix.

– Que se passe-t-il ici? Pourquoi vous chamaillez-vous? dit le singe de sa plus belle voix.

– Au secours! Au secours! reprennent les enfants en chœur.

– J’étais tombé dans un puits profond et, comme je ne pouvais pas en sortir, j’ai demandé de l’aide à la hyène.

– Ça faisait trois jours que le lion était dans le puits. Sa voix était devenue rauque, la faim le tenaillait. Il avait perdu pas mal de sa majesté, raconte maman. Tout à coup, une hyène passe près du puits. – Les hyènes sont très bêtes, affirme Alex.

– Je l’ai sorti du puits avec cette corde. Il m’avait promis une récompense, et maintenant, il veut me manger sous prétexte qu’il a faim. – Elle a dit qu’elle m’avait fait du bien. Mais le bien, il faut le faire jusqu’au bout : elle doit donc se laisser manger, insiste le lion.

– Oui, et elles font un drôle de rire. Ha, ha, ha, ha, ricane Fred. – Ha, ha, ha, ha, ricanent les filles.

– Tu vois, N’Kee, le singe? Ce lion a beau être le roi des animaux, il n’est pas correct, il ne respecte pas sa parole, dit la hyène indignée.

– Quand le lion entend Neuko, la hyène, ricaner, poursuit la mère, il recommence à demander de l’aide.

– Je ne peux pas vous croire, ni l’un ni l’autre, affirme l’enfant-singe, qui prend son rôle très au sérieux.

– Au secours! Au secours, clame le père d’une voix rauque (il ne faut pas oublier que le lion a crié pendant trois jours…).

– Comment ça? disent en cœur le lion, la hyène et les enfants.

– Awoh? Qui est là? demande la hyène. – Vendzui! C’est moi, le lion, le roi des animaux. Je suis tombé dans le puits et je ne peux pas sortir. Aide-moi, et je te récompenserai, rugit le lion. – La hyène est naïve, raconte la mère, et croit tout ce que le lion dit. Alors, elle va chercher une longue corde, en met un bout entre ses dents et lance l’autre bout au lion : « Prends-le entre tes dents, comme moi. Je vais tirer de toutes mes forces, et je te sortirai du puits. » Neuko, la hyène tire de toutes ses forces… – Tire, tire, tire, crient les enfants en cœur.

– Eh bien, je ne pense pas que toi, la hyène, si petite et frêle, aies pu sortir le majestueux et fort lion du puits avec cette corde. – C’est pourtant vrai, affirment les deux animaux – Il faudrait me montrer, si vous voulez que je vous croie. Alors, on va recommencer. Toi, Vendzui, rentre dans le puits. Toi, la hyène, tu prendras alors la corde et le sortiras du puits. Alors, je pourrais vous croire, commande le singe. Et le lion de sauter dans le puits! La hyène fait « Ha, ha, ha, ha » et va chercher la corde pour sortir Vendzui du puits. Mais, à ce moment-là, le singe lui dit : – Allez, Neuko, tu es trop naïve! Laisse Vendzui où il est, et tu seras sure de ne pas te faire manger!

– Et le lion sort du puits! Ha, ha, ha, ha, ricane la hyène toute contente. – Ha, ha, ha, ha, rigole l’auditoire en chœur. – Ha, ha, ha, ha, ricanent les enfants. – Toli, toli? demande maman. – Merci, la hyène, rugit le lion, tu m’as sauvé la vie! Mais, je suis très fatigué, laisse-moi m’appuyer sur toi.

– Toli! rétorquent les enfants.

Neuko demande : « Quelle est ma récompense? Je t’ai sauvé la vie, je t’ai fait du bien! »

– Que retenez-vous de cette histoire? demande le père

– Oui, tu as raison, dit le lion. Mais, j’ai trop faim, ça fait trois jours que je n’ai pas mangé. Si tu veux me faire du bien, tout le bien possible, il faut que tu me laisses te manger.

– Il ne faut pas croire tout ce que les gens promettent, répondent les enfants.

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ARTS VISUELS

Quête de soi et recherche de l’enfance au Centre d’exposition de Val-d’Or Michèle Paquette

Deux expositions, l’une parlant de la quête de soi, et l’autre, de la recherche de l’enfance, semblent en apparence bien différentes. Mais les deux font place à la liberté de création et à la recherche d’un monde tantôt intérieur, tantôt imaginaire. Ces deux expositions, Inventer le pays de Christine Comeau et Bestiaire imaginaire de Mibo de Micheline Plante se poursuivent jusqu’au 18 juin.

Ce bestiaire a été en partie créé avec le concours d’un enfant âgé de 8 ans : Bori Martel, le petit-fils de Mme Plante, a écrit les textes en s’inspirant des images.

Inventer le pays Christine Comeau dit de son projet Inventer le pays : « J’ai de la difficulté à me sentir bien quelque part, d’où l’idée de trainer avec moi ma maison, d’où ces créatures nomades, les petits dômes. » Elle raconte qu’elle écrivait des poèmes et qu’elle faisait de la création. Une amie, il y a quelques années, lui a suggéré de juxtaposer les deux. Ainsi, le visiteur pourra s’allonger dans les petits dômes et lire les poèmes écrits au haut de ceux-ci tout en relaxant. Il enlèvera ses chaussures et enfilera des mocassins qui ont été mis à sa disposition afin de faciliter son recueillement. Lors du vernissage qui a eu lieu le 5 mai, Mme Comeau a fait une performance alliant poésie et objets de sa création. Tout d’abord, les dômes étaient disposés aux quatre coins et un était au centre. À l’écart était tendue une corde à linge sur laquelle des combinaisons jaunes étaient posées. Les participants, quatre adultes et un enfant, ont enfilé les combinaisons. Ils se sont rendus au seuil des dômes, où ils ont chaussé une paire de mocassins, puis ils se sont allongés dans la tente. Leurs pieds dépassaient. L’artiste récitait un poème et circulait entre les dômes. À certains moments, il y avait des interactions entre elle et les dômes. Le thème du poème était le pays, où le pays représente la personne. « Inventer le pays, dit Mme Comeau, est que chaque personne est un pays, et qu’il faut se réinventer en tant que personne. » Christine Comeau est originaire de Montréal. L’artiste de 37 ans a déjà fait des performances en Allemagne, au Portugal et en Suède.

Bestiaire imaginaire de Mibo

De caractère didactique, visant à développer le sens de l’observation, les estampes ont été accrochées à hauteur d’enfant afin de leur faciliter la vue. « Je me laissais guider par mon cœur d’enfant lorsque je dessinais l’animal à l’aveugle, dit-elle. Quant à l’environnement, il est contrôlé. » Bori, visiblement très heureux de son expérience, raconte : « Je prenais les premières idées qui me venaient à l’esprit. Les animaux étaient bizarres, mais ressemblaient à quelque chose. Ils étaient beaux. J’ai trouvé drôle de me relire. » Mme Plante réalise des estampes depuis 2011 et touche aux arts visuels depuis une trentaine d’années. Native de l’Abitibi, elle manifeste un fort intérêt pour sa terre d’origine ainsi que pour sa nature, « ce qui transparait dans ses sérigraphies », écrit le Centre d’exposition de Val-d’Or : « Micheline Plante est une enseignante en arts plastiques à la retraite. Elle participe activement depuis de nombreuses années à la présence des arts visuels dans sa communauté. »

Le Bestiaire imaginaire de Mibo de Micheline Plante est une série de 28 sérigraphies destinées surtout aux enfants, le tout exposé en boitier ou sur le mur. Il comprend 12 animaux et 12 textes.

L’INDICE BOHÉMIEn JUIN 2017 11


THÉÂTRE Un conte du Théâtre de la Loutre

Andrée-Anne Gingras : survol autobiographique d’une petite loutre devenue grande Gina Grace

Il va sans dire que la culture fait partie intégrante du paysage social et intellectuel au Témiscamingue. Elle fait partie de notre identité, et ce, qu’on y participe ou non, qu’on la vive de près ou de loin. Qu’elles s’appellent Édith Laperrière, Émilise Lessard-Therrien, Émilie B. Côté, ou qu’ils s’appellent Martin Héroux, Yves Marchand, Zone 13 ou Sandblast, nos artistes sont un patrimoine chéri. Il en va de même pour les comédiens et les artisans du Théâtre de la Loutre. La troupe, qui célèbrera l’an prochain son 25e anniversaire, prépare en ce moment sa 24e production. Nous aurons la chance d’y voir des comédiens connus ainsi que de nouveaux venus, toujours dirigés par l’expérience et la passion de Réal Couture. Pour plusieurs comédiens et comédiennes de la troupe, y compris cette petite loutre, M. Couture a joué le rôle d’enseignant d’art dramatique au secondaire. Elle a pu faire sa connaissance bien avant, dans les coulisses des premières productions de la Loutre. La petite loutre a eu la chance de baigner dans la culture témiscamienne dès l’enfance. Jocelyn Gingras, ancien journaliste à la radio de CKVM et en l’occurrence son père, fut de la distribution de pas moins de dix des pièces jouées par la troupe témiscamienne. Elle a été un témoin silencieux de maintes répétitions, ce qui lui a permis d’apprendre un peu la mécanique d’une pièce de théâtre. Encore aujourd’hui, le souvenir de la fébrilité partagée avec son père à la veille d’une première, de la joie de parcourir les pages d’un nouveau texte et de l’honneur de garder le tout secret jusqu’à l’annonce au public lui accroche un sourire tendre aux lèvres. Après avoir gradué de l’École Marcel-Raymond et dit au revoir à son « Témis » natal, la loutre adolescente s’installe dans la capitale du cuivre. C’est en suivant le bouillonnement de sa rivière culturelle et en ayant une faim grandissante de culture qu’elle s’approche de la scène underground. Elle découvre avec naïveté le RNHC, sa scène punk et métalleuse, qui vient répondre à un besoin viscéral de nouveauté et de rébellion. Elle y fait la connaissance de Ian Campbell et d’Antoine Trudel-Denis, qui sont maintenant des références en région pour ce qui est de la musique underground. Elle s’inscrit ensuite au cégep qui, avec ses cours d’histoire de l’art et de cinéma, contribue à nourrir son appétit de culture. Ces moments s’avèrent formateurs et charnières. Les années passent et la quête intérieure continue, jusqu’au moment où la petite loutre devenue maman subit l’inconcevable. Lors d’une nuit d’octobre, son petit a perdu la vie. Comme marque de sympathie, le conseil d’administration du Théâtre de la Loutre offre à la jeune loutre et à sa famille un arbrisseau qui est maintenant planté au parc La Marmaille de Laverlochère. Après quelques années d’eaux stagnantes, la loutre à son endoréisme prend le chemin contraire d’où elle était arrivée. Elle devient une loutre officielle en prenant part à la production De Molière à Tremblay, qui souligne les 20 ans d’existence de la troupe et partage la scène avec ceux qui l’ont vue grandir. Elle sera ensuite de la distribution de Pâté de campagne et de Bowling, tous deux des textes de Josée Fortier. Son père effectue cette année un retour sur les planches, ce qui lui rappelle sa fierté et son amour pour cet homme qui, 24 ans auparavant, lui a fait cadeau de faire part du monument d’âme qu’est le Théâtre de la Loutre.

Vicky Neveu

12 L’INDICE BOHÉMIEn JUIN 2017

La morale de cette histoire : initiez vos enfants aux arts en leur montrant le bonheur que vous en tirez vous-même à en faire. Je sais que pour Andrée-Anne Gingras, le Théâtre de la Loutre a toujours eu une influence bénéfique, qui fait évoluer, qui tue le ridicule et qui garde humble.

VA DONC JOUER DEHORS Claudia Fortin Dans mon tipi de terre, la sue sur les joues, le front miroir de sueur, je laboure la terre. J’ai jamais appris pourquoi, je ne peux ni t’expliquer comment. Je la sens, je la respire, comme on respire la première neige. Je l’aime comme on aime son enfant, j’en prends soin comme on prend soin de son bébé naissant. Je ne cherche plus : j’ai trouvé l’amour. Ferme ta TV. Tout autour, au loin, mon regard qui se plonge dans les eaux du lac, dans la forêt qui s’étourdit. Je prends le temps d’apprécier. La nature me danse sa danse désespoir. Elle me prend dans ses bras chaque fois, sans me demander de service back. Elle aimerait juste qu’on l’aime sérieusement en retour. Pas de grand coup de canettes vides sur son grand corps malade ni de vieux mouchoirs pleins de tristesse sur ses terres fragiles. Pas de vieux sacs de McDo, restant de ton appétit mélangé. Ramasse-toi, laisse le vent souffler dans tes cheveux, ses quelques cantines inventées de rêves. Sens bien sur ta peau l’odeur de sa sagesse. Écoute les oiseaux chanter ses tounes, laisse ses terres te raconter la vie. Te bercer de vraie nature, de purs éléments. Puis... Éteins ton téléphone. Prends sur toi de ne plus cracher partout sur elle. Arrête de casser ses branches, de couper ses arbres, de bousiller ses passages : c’est son oxygène à elle. Sa saveur spéciale, la récompense de toute une vie. Offerte à nous, à toi, à tes enfants et aux enfants de tes enfants. Marche avec elle, crie sur elle, pleure, aime, regrette, laisse aller ta vie sur elle. Sois reconnaissant de tout ce qu’elle t’offre. Une terre ferme où planter ton jardin. Un endroit où construire ta maison. Un ciel pour perdre ton regard dans les nuages. Une tonne de saveurs et une diversité hallucinante. Profite de ses fleurs, cueille-les doucement, aiguise ton nez de ses odeurs d’amour. Partage-les. Le matin, au petit déjeuner, sucre-toi le bec de ses petits fruits, bleuets, fraises, framboises. Nourris-toi d’elle. Et... Va donc jouer dehors. ------------------------------------------------------Vous avez aimé ce texte ? Retrouvez en d’autres sur la plateforme Web : abitibimontreal.com


CULTURAT

SOCIÉTÉ

Dans les yeux de… MATHIEU LAROCHELLE

L’implication, moteur d’amour

Virgil H. Laferté

Shanie-Victoria Langevin

Alors qu’il était à l’extérieur de la région, Mathieu Larochelle s’affairait à rendre son milieu dynamique. Étudiant, il participait à la création d’évènements, il organisait « Les partys Abitibi » à Québec ou toute autre activité favorisant le rapprochement et la vie culturelle de son milieu.

Salut, j’espère que ça va bien. Moi, je me casse la tête depuis deux semaines pour trouver un angle intéressant et pas trop réchauffé sur l’implication. Premièrement, c’est quoi, l’implication? Le Petit Robert nous dit que l’implication, c’est : «  1. Action d’impliquer quelqu’un dans une action criminelle. » Hum, j’pense que ce n’est pas la bonne définition, quoiqu’on se sent souvent partenaire en crime avec nos collègues bénévoles, bière à la main, sur une pile de palettes de bois au FME.

De retour chez lui, dans la région d’Amos, il poursuivit ses implications, entre autres dans le cadre d’un stage pour H2O Le Festival et de la préparation des séjours exploratoires de Place aux jeunes. Il façonna alors une idée : rendre la MRC d’Abitibi plus attractive. « Dans un marché culturel régional inégal, quelques personnes et moi-même avions le souci de répondre à une certaine demande, nous voulions faire naitre des initiatives qui allaient participer à la rétention de la population locale. » C’est ainsi que l’idée de la création d’un festival musical (Fête Éclectique Envahissante de l’Abitibi-Témiscamingue) et, ultérieurement, du Collectif des Fées en feu a germé.

Ah oui, la 4e définition me semble plus adéquate : « Fait d’être impliqué, de s’impliquer. » On tourne en rond.

À cette même période, la démarche CULTURAT prenait forme. « Nous y avons vu une même volonté, le souhait que nous avions semblait être partagé par plusieurs, précise Mathieu. Ça devenait une réelle possibilité de développement qui impliquait des gens de partout en région. » Depuis, de nombreux projets sont nés sur le territoire de la MRC d’Abitibi, entre autres la Fête Éclectique Envahissante de l’Abitibi-Témiscamingue, qui reçoit de nombreux artistes de la scène alternative mettant « le feu » à la municipalité d’Amos. Bien que ces initiatives prennent forme au niveau local, ce dynamisme culturel et cet engouement se sont propagés de façon régionale. « Toute l’effervescence culturelle qui a cours sur le territoire jumelée avec la démarche CULTURAT, ajoute Mathieu, nous assure que ce développement n’est pas uniquement local. Tout ça nous donne un sentiment d’appartenance fort et cela a permis plusieurs rapprochements avec d’autres acteurs du milieu. » Quand on regarde dans le rétroviseur, on constate que la région a beaucoup changé de visage dans les dernières années, selon Mathieu. « Je constate que CULTURAT a été, dans certains milieux, la pierre d’assise dans le développement. On n’a qu’à regarder ce qui s’est passé à Val-d’Or, qui jouit d’une vitalité et d’un rayonnement extraordinaires. » Selon lui, la démarche a aussi eu un impact positif sur le regard que l’on porte sur notre région et sur l’image que nous projetons. « En plus de participer à une plus grande cohésion et à une mobilisation régionale, nous nous sommes donné une autre vitrine pour parler de nous, pour faire rayonner ce que nous sommes. En plus de nous faire connaitre, c’est un moyen de remettre les régions dans le discours médiatique. » Amoureux de sa région, Mathieu considère la démarche comme une réussite. « Bien que la mobilisation soit encore inégale à ce jour, elle a un impact sur la société permettant le rapprochement de différents milieux par la culture. CULTURAT est un moteur de fierté, l’Abitibi-Témiscamingue est un beau pays, c’est une belle façon de le faire connaitre à l’extérieur de nos frontières. »

Allons voir le mot impliquer, alors. La cinquième définition, a du sens : « Engager dans une action, un processus. » C’est le cœur même de l’implication. Le but n’étant pas tant d’achever quelque chose, mais bien tout ce qui est vécu pendant. Je parle ici d’implication environnementale, sociale, politique, citoyenne, artistique ou autre (insérez ici comment vous vous impliquez). Pour ma part, je m’implique dans mes communautés depuis que j’ai treize ans, pas tous les ans, pas assez à mon gout, mais assez régulièrement pour dire que c’est une expérience qui nous fait aimer plus. On apprend à aimer plus nos confrères qui ne s’impliquent peut-être pas pour les mêmes raisons, mais qui nous soutiennent quand on n’est VRAIMENT PU CAPABLE de trier des poubelles à la pluie au FME. En s’impliquant, on rencontre des humains fantastiques qu’on aurait pu ne jamais connaitre autrement. On forge des liens spéciaux quand on fait du bénévolat après un soir de Saint-Jean pas mal hang over, à ramasser des restants de soirée en mode zombie. C’est aussi un bon moyen pour apprendre de nouvelles choses. Nos collègues, par leurs expériences, nous apprennent de nouveaux savoirs, de nouvelles façons d’être et de voir la vie. Merci, gang! On apprend à aimer plus nos clientèles, nos membres, nos citoyens. Par leurs différences, ils nous montrent que nous n’avons pas toutes les réponses et que

notre mode de vie n’est pas le seul. On voit aussi qu’il y a des gens qui l’ont rough en maudit. Par leurs ressemblances avec nous, par rapport à ce qu’ils vivent, à ce à quoi ils aspirent, on réalise qu’ils sont la raison pour laquelle on s’implique. On s’implique pour que demain soit mieux, pour eux et donc pour nous, car nous ne formons qu’une communauté. On apprend à aimer plus nos élus, qui nous laissent l’occasion de nous exprimer, avec leur soutien financier et moral, même si on le sait que l’argent, c’est rare en ces temps de rigueur budgétaire. On apprend à aimer plus nos concitoyens qui, par leurs questions et par leur participation, permettent l’existence de groupes formidables qui soutiennent notre communauté chacun à leur façon. Beaucoup d’organismes, de groupes communautaires et d’associations ne pourraient exister sans le soutien financier des gens de la communauté. Ils nous montrent, par leurs sourires, leurs intérêts, que nous sommes à la bonne place, que ce qu’on fait a de l’importance. Et finalement… On apprend à aimer plus notre famille et nos amis, qui acceptent parfois de faire du bénévolat avec nous, d’accueillir une réunion dans le salon ou même de servir de gardien du logis quand les CA sont vraiment longs. Sans leur amour inconditionnel (ok, parfois conditionnel à des billets de bières, où un p’tit lunch gratuit), on trouverait ça pas mal moins facile. Ils nous réchauffent le cœur et nous donnent la force de suivre notre passion, même si c’est par de petits gestes comme garder les enfants ou faire la vaisselle (non, non, ceci n’est pas une demande camouflée). Il y a beaucoup d’autres raisons de s’impliquer, et beaucoup d’autres choses à remercier. Une chose me reste en tête, par contre : l’implication nous ouvre les yeux sur des mondes différents. Des mondes qu’on n’aurait, parfois, pas eu envie de connaitre tellement ils nous forcent à nous remettre en question. Des fois, je repense à tout ce qu’on a accompli en équipe et je capote tellement c’est gros. Certaines personnes appellent ça la passion, mais pour moi, c’est de l’amour. La passion brule, l’amour construit. C’est donc l’amour qui conduit mon implication. Aussi petites soient-elles, l’amour sera le moteur de mes actions.

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CAHIER Premières Nations

Marquer son territoire à coups d’art GALERIE

Exposition

Du 17 juin au 10 sept. 2017 VERNISSAGE Samedi 17 juin 2017 | 17h à 19h

ENTRÉE GRATUITE

Mardi au vendredi | 10h à 17h Samedi et dimanche | 13h à 16h

BÊTES À POILS

SCULPTURES TEXTILES ET OEUVRES NUMÉRIQUES FONTAINE LERICHE / TROIS-RIVIÈRES

Ariane Ouellet

Karl Chevrier se passe maintenant de présentation. Ce prolifique et multidisciplinaire artiste de la communauté de Temiskaming First Nation, surtout connu comme sculpteur, prépare une toute nouvelle œuvre de grand format qui sera inaugurée au début du mois de juin 2017. Installée sur la rue Ontario à Notre-Dame-du-Nord, elle aura comme fonction de marquer le lieu, signifiant au passant qu’il est en territoire anishnabe. L’idée initiale de mettre de l’art dans le paysage vient du constat que les seules identifications visuelles à l’entrée de la communauté étaient des pancartes désuètes. « Je me suis dit que ça serait bien d’avoir quelque chose qui dure et qui nous représente, symbolique de notre culture », explique l’artiste. Son souhait serait de mettre une œuvre à chaque porte d’entrée sur le territoire. Pour la réalisation de cette nouvelle sculpture, l’artiste est à l’œuvre dans son atelier depuis le printemps 2016. C’est grâce à une bourse obtenue dans le cadre de Canada 150, avec l’aide de Tourisme Abitibi-Témiscamingue, que le projet peut voir le jour. Le thème choisi est un danseur traditionnel vêtu de son regalia. Pour les détails… il faudra attendre l’inauguration officielle qui arrive à grands pas!

Courir plusieurs lièvres à la fois… et les attraper!

FOIRE ARTISTIQUE MULTIDISCIPLINAIRE

14 ARTISTES DE L’ABITIBI, DU TÉMISCAMINGUE, DE L’ONTARIO ET DES PREMIÈRES NATIONS

THÉÂTRE

JUSTIN ST-PIERRE SAM 3 JUIN @17H EUGÈNE AUBERGE BISTRO

« Travailler avec le métal, c’est très lourd. Je coupe donc mes journées de travail en différentes parties, explique Karl Chevrier. Le matin, je fais la soudure et la manipulation des gros morceaux. L’après-midi, je sculpte des panaches ou du bois. Le soir après le souper, je vais dans mon atelier de peinture. Comme ça, je peux avancer plusieurs choses en même temps. » Cet été, il participera à un projet collectif de création initié par le Centre d’amitié autochtone et le Centre d’exposition de Val-d’Or. Réunissant des artistes professionnels autochtones et allochtones, sous la direction de la commissaire Sonia Robertson, la démarche a comme objectif de créer un espace de rencontres et de réconciliation. Nouveauté pour Karl Chevrier, il y présentera pour la toute première fois une performance qui promet d’être forte en émotions.

BELLFLOWER

CINÉMA

C’EST LE COEUR QUI MEURT EN DERNIER

DIM 11 JUIN 13H30 | JEU 15 JUIN 19H30

GALERIE 42, Ste-Anne | Ville-Marie (QC) J9V 2B7 819.622.1362 CINÉMA THÉÂTRE 32, Ste-Anne | Ville-Marie (QC) J9V 2B7

NOUVEAU BILLETTERIE À LA GALERIE DU RIFT MARDI AU VENDREDI DE 10H@17H RIFT.TICKETACCES.NET

LERIFT.CA 14 L’INDICE BOHÉMIEn JUIN 2017

Virginia Dumont, Lac-Simon

Nos jeux sont la fête d’automne, des compétitions de tirs, des jeux de cartes, des fers à cheval, la gigue et le bingo et ceci se fait lors du Jour du canot Tcimankijigan. Les véhicules tout terrain ont remplacé les traineaux à chiens. On utilise aussi les voitures telles que les 4x4 et les camions à cabine pour le transport du matériel. Les tentes sont devenues des chalets en bois rond ou en contreplaqué. Tout cela dans le but d’occuper nos territoires ancestraux et de vivre des moments culturels tout en célébrant les fêtes actuelles comme la fête des Mères. La famille de notre chef, Adrienne Jérôme, maintient depuis des années cette activité.

SAM 3 JUIN @20H À LA GALERIE DU RIFT

- ÉCRAN LIBRE PRÉSENTE -

Nôgôm aujourd‘hui chez les Algonquins

Passeur culturel, allumeur d’étincelles En plus de pratiquer le métier d’artiste de façon professionnelle, Karl Chevrier aime donner du temps auprès des jeunes de sa communauté pour les initier à l’art, aux travaux manuels et aux savoirs traditionnels. Il prend très à cœur son rôle de passeur culturel. Il enseigne à certains l’art de fabriquer le canot d’écorce, en commençant par la cueillette des matériaux en forêt. « Il faut savoir comment prendre les racines, l’écorce, mais il faut surtout apprendre à ne prélever que ce qui est nécessaire, pas plus. Il faut respecter la nature », raconte-t-il. À son avis, il est nécessaire que les jeunes se voient offrir différentes opportunités, question de leur ouvrir des portes pour le futur : « Je crois que travailler de ses mains est aussi une bonne façon de guérir. Ça nous fait entrer en nous-même, prendre les bonnes décisions pour notre vie. »

Le système québécois ne permet plus de vivre comme dans le temps, la fréquentation scolaire étant obligatoire ainsi que le travail. La vie devient plus sédentaire, mais le cœur nomade des Anicinabes permet encore de parcourir des kilomètres pour aller se rencontrer dans des évènements comme les powwow et les tournois de hockey ou de golf. Tout pour se rassembler. S’ajoutent aussi les congrès, les colloques et les conférences dans le but de nous améliorer dans nos domaines de travail ou d’expertise. Notre culture nous revient, car nous sommes des peuples qui aiment la compétition. Nous rencontrer pour des tournois nous permet de rester en contact et de maintenir nos relations.


CAHIER Premières Nations

Cicatriser son territoire intérieur Lise Millette

Amasser les souffrances dépareillées, récolter des morceaux de souvenirs ou de déchirures, agencer ensemble les peines vécues pour transmuter la souffrance en guérison : tel est le projet de Véronique Doucet, artiste multidisciplinaire.

En remettant ensemble les chaussettes séparées, elle désire entreprendre une forme de reconstruction et rebâtir un tout. « Je voulais aussi faire quelque chose pour les femmes. J’ai été très touchée par ce qui s’est passé à Val-d’Or avec les récits d’agressions et avec tout le contexte de la culture du viol. L’an passé, je me suis retrouvée dans un souper entre amies. Quatre sur six avaient déjà vécu une agression sexuelle. Je me dis que lorsque quelque chose de négatif reste en nous, il y a des conséquences. Il faut le sortir. » Véronique Doucet n’est pas autochtone, mais elle se sent interpelée et à l’écoute de ce que vivent les autochtones. « C’est un peuple hyper spirituel, en contact avec la forêt, avec la Terre. Est-ce que je me sens parfois impostrice? Peut-être. Mais il y a quelque chose qui me ramène vers eux. C’est inconscient, même intuitif. »

REMIX IMMIGRANT (1)

Hélène Bacquet 6 JUIN – 17 H

PHOTO : CHRISTIAN LEDUC

Pour le moment, Véronique Doucet recueille les bas. Par la suite, elle réunira tous les morceaux recueillis et présentera son œuvre au Centre d’exposition de Val-d’Or jusqu’au 10 juin. Ensuite, pour le solstice du 21 juin, qui est aussi la Journée nationale des autochtones, elle ira suspendre sa robe-tipi à un mélèze, l’arbre qui symbolise la purification. « J’y suspendrai cette robe, avec les symboles de ses souffrances, afin de remettre le tout à la Terre-Mère. » Les bas peuvent être déposés ou envoyés à différents points de dépôt que sont le Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or, le Centre d’exposition de Val-d’Or, Le Rift de Ville-Marie, et L’Écart de Rouyn-Noranda.

Elle explique que sa démarche en est une de réconciliation, dont le concept consiste à récolter, avec le concours du Centre d’amitié autochtone et du Centre d’exposition de Val-d’Or, des bas « pas d’ami », ceux qui trainent au fond du panier à linge, esseulés. Ces bas seront ensuite rassemblés et cousus pour devenir une robe-tipi. Robe-tipi?

L’ÉTERNITÉ, LE JOUR D’APRÈS

Martin Beauregard

9 JUIN – 17 SEPTEMBRE IMAGE : MARTIN BEAUREGARD

DANSER LE PRINTEMPS 11 JUIN – 18 JUIN PHOTO : JEAN-LOUIS FERNANDEZ

« En 2006, j’avais fait un tipi avec des bas. C’était alors dans une démarche liée à l’environnement. Ils avaient tous été cousus avec du fil vert. C’était pendant la vente trottoir à Val-d’Or », résume Véronique Doucet, qui souhaite maintenant reprendre l’expérience, mais en lui donnant un tout autre sens. Elle reprend donc son idée de courtepointe, mais en donnant à sa démarche une valeur de symbole et aussi de guérison. Par son projet, Aki odehi / cicatrices de la Terre-Mère Réconciliation à partir du territoire, elle invite les femmes à envoyer leurs chaussettes et à y glisser, si elles le désirent, leur vécu. Mais, pourquoi des bas? « Ça ramène à l’enracinement. Et il n’y a aucune discrimination : tout le monde a ça, des bas », explique-t-elle. Afin de nourrir sa démarche, un groupe d’artistes qui ont chacun « adopté » une communauté, est allé à la rencontre d’ainés autochtones de Val-d’Or, de Temiskaming First Nation et de Kitcisakik. « Nous voulions connaitre les lieux sacrés, les lieuxcicatrices. Et le territoire cicatrice est un territoire intérieur », précise Véronique Doucet.

CHASSEURS

Musée du Bas-St-Laurent 30 JUIN - 10 SEPTEMBRE MAGE : CLAUDE TOUSIGNANT

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CAHIER Premières Nations

Le Pow-wow de Pikogan célèbre son 5e anniversaire Caroline Lemire

Ce sera cette année la cinquième édition du Pow-wow de Pikogan, qui se tiendra les 10 et 11 juin. Si vous n’avez jamais saisi l’occasion d’entrer directement en contact avec la culture et la communauté anicinabe de la région, c’est le moment idéal de le faire et de vous laisser emporter dans la danse, d’être envouté par le rythme des tambours et le charme coloré des regalias (les habits de danse traditionnels).

L’édition de cette année se fera en hommage aux sept enseignements sacrés, qui ont longtemps été mis de côté au profit de différentes religions. « De nos jours, plusieurs d’entre nous reprennent contact avec ces enseignements, explique Isabelle Mapachee, cofondatrice du Pow-wow de Pikogan. Ils nous servent de guide afin de vivre en harmonie avec notre culture, nos traditions et nos croyances. Nous sommes très heureux de pouvoir mettre en valeur l’importance de ces enseignements dans le cadre de notre prochain pow-wow! »

Centre d'exposition de Val-d'Or

L’an dernier, le comité avait convié la population à la projection du film Avant les rues, de la réalisatrice Chloé Leriche. Encouragé par le succès connu par cette activité, le comité poursuit cette idée d’ajouter des évènements artistiques à sa programmation tout de même très traditionnelle. Il a, entre autres, fait appel aux musiciens de la région, tant autochtones qu’allochtones, afin de créer une soirée jam session. Un concept original qui met en valeur la musique comme source de rapprochement.

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Jusqu’au 18 juin 2017

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Course de canot tciman toujours dans la programmation Véritable hommage à la tradition des ancêtres Abitibiwinnis, cette course de canots sur la rivière Harricana est à la fois un superbe défi et un spectacle qui donne le sourire aux lèvres. Comme à l’époque, les équipes partiront de Pikogan en canot, feront une partie en portage pour ensuite rejoindre la rivière Harricana et terminer le parcours. Une seule équipe sortira gagnante, mais tous s’en souviendront longtemps! Rappelons qu’un pow-wow est un rassemblement festif où les Autochtones font vivre leur héritage culturel qui comporte musique, danses traditionnelles, feux sacrés, etc. Le pow-wow est une fête de la rencontre, un moment d’échange et de rapprochement familial et intergénérationnel. L’an dernier, plus de 2000 personnes ont assisté à l’évènement malgré le mauvais temps.

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Micheline Plante, Le félin sauvage, 2016. Crédit photo : Micheline Plante

Aussi, afin de promouvoir l’évènement et de souligner son 5e anniversaire, d’immenses lettres formant les mots Pow-wow Abitibiwinni ont été créées. Ces lettres seront installées au centre-ville d’Amos, sur le bord de la rivière Harricana, afin d’inviter la population à participer à l’évènement. Une deuxième série de lettres sera également aménagée à l’entrée du site. De plus, trois fresques géantes seront réalisées et fixées derrière les estrades entourant le cercle de danse.


CAHIER Premières Nations

La fondation de Pikogan

En 1970, la réserve indienne d’Amos a pris officiellement le nom de Pikogan, terme algonquin qui signifie « tipi » ou « tente conique ».

Carmen Rousseau

Malgré un désir d’expansion, ce n’est qu’en 1979 que le ministère des Affaires indiennes permet l’achat du lot 25. Le village s’agrandit encore en 2008 pour couvrir aujourd’hui 277 hectares et on compte environ 600 personnes qui résident à Pikogan de nos jours.

Depuis au moins le 18e siècle, les membres de la Première Nation Abitibiwinni fréquentaient la région du lac Abitibi, où ils séjournaient au cours de l’été à Apitipik ou Pointe aux Indiens. Ils en profitaient pour festoyer, se marier et négocier différents traités. À l’arrivée de l’automne, ces groupes nomades se dispersaient pour regagner chacun leur territoire de chasse.

Des services s’ajoutent

Dès l’établissement du Régime français, des contacts sont établis avec ces populations pour échanger des fourrures. Ce n’est toutefois qu’avec l’arrivée de la colonisation que le mode de vie sera graduellement transformé. À partir de 1954, des discussions s’engagent pour créer près d’Amos une réserve indienne pour ceux qu’on appelle alors les Algonquins de la bande Abitibi-Dominion. Aujourd’hui, l’appellation Abitibiwinnik désigne plus précisément ce groupe qui appartient à l’une des neuf communautés de la nation anicinape (algonquine) du Québec. Le 13 mars 1956, un contrat de vente est signé pour acquérir de Lucien Leclerc les lots 26 et 27 du Rang 2, canton Dalquier, à trois kilomètres au nord d’Amos. Puis, le 10 octobre 1958, on assiste à la création de la réserve indienne d’Amos, son nom officiel. Même si le site d’Amos (désigné sous l’appellation Wakikwecik ou Wakigwecik, c’est-à-dire « là où il y a des pins ») n’est pas un lieu de rencontre important, plusieurs raisons ont motivé le choix de cet emplacement, dont la proximité de la rivière Harricana, l’accès aux services offerts dans la ville d’Amos et le rapprochement avec les enfants qui fréquentent le pensionnat de Saint-Marc-de-Figuery (1955-1974). Les premières maisons y sont construites en 1964. On y trouve celles de Tom Rankin, de Charlie Wylde et de Noah ainsi que de David et Moïse Kistabish. Devenue rapidement trop à l’étroit, la communauté cherche à acquérir d’autres terrains et négocie à cet effet à partir de 1968.

Tom Rankin, premier chef du Conseil de la Première Nation Abitibiwinni, reçu ici à l’hôtel de ville d’Amos en 1967

L’église Sainte-Catherine, à Pikogan Société d’histoire d’Amos par Dominique Sigouin

Les Abitibiwinnik se sont dotés de divers services depuis leur établissement à Pikogan. Parmi ceux-ci, le premier est l’école primaire Migwan (« plume »). Mise sur pied en 1969 par Molly Mowatt, il faut toutefois attendre 1987 pour que soit construit le bâtiment actuel. Depuis 1980, on retrouve aussi un centre de santé qui dispense des soins de première ligne.

En 2002, ouvre un centre de la petite enfance appelé Mokaan (« l’aube »), qui accueille aussi des enfants non autochtones. La station de radio CKAG est en ondes depuis 1991. La communauté possède également son poste de police avec des policiers autochtones, une salle communautaire, divers équipements sportifs comme une patinoire et des terrains de jeu. On y organise annuellement un tournoi de golf, des tournois de hockey et un pow-wow. C’est le Conseil de la Première Nation Abitibiwinni qui est responsable d’adopter les règlements relatifs au fonctionnement de la communauté. Il comprend cinq membres élus et le chef actuel est M. David Kistabish.

L’année 1968 marque aussi l’inauguration de la chapelle de la Mission Sainte-Catherine. C’est à l’architecte Louis Lapierre qu’est confiée la conception de l’église, lequel s’inspire de la langue algonquine et de ses sons ondulés pour en dessiner le plan.

Un groupe d’Amérindiens et de colons à Amos en 1913 Société d’histoire d’Amos – Fonds Pierre Trudelle

FÉLICITATIONS AU CONSEIL DE LA PREMIÈRE NATION ABITIBIWINNI POUR LA SIGNATURE DE SA PREMIÈRE ENTENTE SUR LES RÉPERCUSSIONS ET LES AVANTAGES AVEC RNC MINERALS POUR LE PROJET NICKÉLIFÈRE DUMONT!

LA PREMIÈRE NATION ABITIWINNI MARQUE L’HISTOIRE DU QUÉBEC EN ÉTANT LA TOUTE PREMIÈRE COMMUNAUTÉ ALGONQUINE À CONCLURE UNE TELLE ENTENTE ET MONTRE LA MARCHE À SUIVRE AFIN QUE CE MODÈLE DE PARTENARIAT SE PERPÉTUE.

BRAVO!

FRANÇOIS GENDRON DÉPUTÉ D’ABITIBI-OUEST VICE-PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE

L’INDICE BOHÉMIEn JUIN 2017 17


PREMIÈRES NATIONS

TOUS KAKAGI DANIEL LEMIEUX

J’aimerais que nous soyons tous des kakagi! Selon les grands sages amérindiens, le kakagi (le corbeau en langue anicinape) serait un messager. Un oiseau fort important côté spirituel, un gardien de la vérité, un fier observateur et un délateur bien averti. Nous l’entendons souvent, planant dans les airs ou perché dans un grand pin blanc, annonçant la venue d’un chasseur curieux d’aventure, assoiffé de viande d’orignal ou d’une montée d’adrénaline loin de sa femme. À la vue de ce prédateur, le kakagi ne retient pas ses mots, il aime avertir les habitants de la forêt qu’il est le temps de se cacher et de retenir son souffle jusqu’à ce que revienne la paix. Bon joueur et sans vouloir le faire savoir, le kakagi prépare aussi le chasseur, lui chantonnant la présence de l’abondance camouflée dans cette dense verdure, relaxante et odorante couverture.

surnomment Kakagi, car je n’hésite pas à regrouper les enfants afin de les éveiller à toutes les vérités. Chaque vendredi, on invite les Anicinapek du grand territoire à venir transmettre leurs savoirs et pratiquer sans trop de moyens les activités culturelles ancestrales. On sort la culture dehors et on l’éloigne des musées, car une culture qui vit traversera les temps pour encore 8000 ans. Nous formons les prochains grands kakagi pour qu’ils puissent à leurs tours initier leurs enfants à vivre en symbiose avec Mère la Terre… Pour qu’elle puisse elle aussi… retrouver la santé! (Inspiré de ma vie ici chez les Anicinapek et de Richard Kistabish-Ejinagosi.)

Rêvant d’une partie de sa pitance, le kakagi saura attendre le bon moment pour satisfaire ses appétits et rapporter à son nid de quoi nourrir ses tout petits. Vous devriez l’entendre raconter à ses amis anicinapek les histoires de l’outarde et du frère ours, cherchant à mettre la puce à l’oreille aux enfants pour qu’ils sachent eux aussi traduire les messages du grand-père vent et les conseils de grand-mère Lune. Car nombreux de ces gamins n’ont plus la chance d’être de connivence avec ces éléments et se perdent maintenant à travers les quatre saisons. Les temps changent si vite que même les climats s’échauffent parfois! Les parents participaient autrefois aux rituels des ancêtres, mais doivent aujourd’hui se rappeler qui étaient et comment vivaient leurs parents. Les nouveaux ainés doivent aussi être en mesure d’expliquer les nombreuses chirurgies qu’a subies depuis la première moitié du 19e siècle cette coquette Mère Nature et expliquer aux enfants de leurs enfants qu’ils sont un des éléments, un des chainons du cercle de la vie. Que l’Anicinape ne prend pas la vie et l’esprit du frère ours ou de l’orignal, qu’ils le lui donnent. Et que nous devons les respecter. Qu’il ne faut pas voir les animaux sous l’angle de la domination, qu’il faut les voir comme nos égaux. Que l’orignal nous donne sa vie pour nous nourrir et qu’il appartient maintenant aux gens de protéger son environnement. Mon nom est Daniel Lemieux, animateur à la vie communautaire à Kitcisakik. J’ai la chance d’être né daltonien culturel et d’avoir encore le jeune cœur d’un enfant anicinape. Depuis 7 ans, je survole dans le ciel de ce que vos ancêtres appelaient l’Outaouais supérieur et dont une partie s’appelle aujourd’hui la réserve faunique La Vérendrye et la réserve à castors du Grand lac Victoria. Les gens me

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Daniel Lemieux


DOSSIER AGROALIMENTAIRE

L’Abitibi-Témiscamingue, 192 516 hectares dédiés à l’agriculture Emilise Lessard-Therrien

Ça y est, les matins sont à nouveau égayés par les chants d’oiseaux, le jaune des pissenlits recommence à garnir nos pelouses fraichement ragaillardies et dans les champs, en bordure des routes, la machinerie agricole regagne son terrain de jeu. La pluie des premières semaines de mai aura testé la patience des producteurs agricoles de la région pour que dès les premiers jours de soleil, ils se lancent dans leur travail à coup double tous les jours et toutes les nuits. C’est que, pour être assuré de récolter au bon moment à la fin de l’été, il faut bien commencer quelque part. Et cette année, le printemps tardif aura fait monter le stress d’un cran chez nos producteurs agricoles. Ainsi, pour bien mettre la table de cette nouvelle saison, on vous propose un petit tour d’horizon de l’agriculture en Abitibi-Témiscamingue.

Fromage au Village de Lorrainville, dont les fromages sont fabriqués avec du lait 100 % régional. Pour les copropriétaires, Anne Barrette et Hélène Lessard, c’est une immense fierté de s’approvisionner localement. « Nous avons accès à un lait d’une grande qualité en région, ce qui contribue nécessairement à la renommée de nos fromages qui sont vendus d’un bout à l’autre de la province et même plus! », raconte Mme Lessard. Cette dernière se sent également très concernée par l’avenir des producteurs de lait de la région puisque son entreprise en dépend directement.

Une agriculture différenciée Bien que les exploitations animales soient encore en majorité dans la région, plusieurs fermes se diversifient avec des productions céréalières. Si nous avons été habitués aux champs d’avoine et aux splendides champs jaune vif de canola, d’autres productions dites de niche commencent à voir le jour. Pour Michel Robert, agriculteur de Saint-Eugène-de-Guigues, l’avenir de l’agriculture passe par les produits différenciés. « De plus en plus, il faudra mettre nos grains dans des petits sacs et les vendre directement aux consommateurs », affirmait-il récemment dans un groupe de discussion.

Trump et le lait canadien Comment ne pas revenir sur les propos de Donald Trump qui auront fait friser le poil des bras de bien des producteurs de l’industrie laitière en avril dernier alors qu’il s’attaquait au modèle canadien de gestion de l’offre? Rappelons que ce système, bien qu’il ne soit pas parfait, permet de contrôler la production avec les quotas laitiers, les importations et les prix. En d’autres mots, ce système permet de produire du lait selon la consommation des ménages canadiens (on évite le gaspillage!). On privilégie d’abord nos producteurs locaux en limitant les importations (bon, le lait diafiltré passe dans les mailles de ce système au grand dam des producteurs et avec raison...), ce qui permet aux producteurs laitiers de recevoir un salaire juste et aux consommateurs, de payer un prix juste. Comme tout système, il n’est pas parfait. En effet, certains peuvent reprocher des démarrages plus difficiles dans cette production étant donné les couts élevés du quota, mais la gestion de l’offre permet d’éviter que les gros deviennent de plus en plus gros au détriment des petites entreprises. À titre comparatif, aux ÉtatsUnis, la plus grosse ferme, la Fair Oaks Farm, compte 40 000 vaches. Près d’une centaine de veaux naissent tous les jours. À elle seule, elle fournit un verre de lait quotidiennement à 3,5 millions d’habitants. Dans la région, l’industrie laitière représente 23 % de toutes les entreprises agricoles, soit 142 fermes laitières sur 614 exploitations et dans lesquelles on compte en moyenne 47 vaches laitières. À cette échelle, comment nos petites fermes peuventelles devenir compétitives lorsqu’elles doivent affronter des superfermes telles que la Fair Oaks Farm? Maintenir la gestion de l’offre au pays, contre toutes les espérances de M. Trump, c’est permettre à nos producteurs de lait de la région de continuer d’exercer leur métier avec passion et conserver des entreprises familiales. Par ailleurs, le lait en région ne fait pas seulement vivre ses producteurs, mais également des entreprises de transformation. C’est notamment le cas avec Le

Ce producteur agricole joint le geste à la parole. En effet, depuis quelques saisons déjà, il produit de la caméline, un oléagineux qui est transformé en huile, pour un transformateur établi dans le sud de la province. Cette production, encore marginale, permet de diversifier les cultures traditionnelles et le point de chute est plus facile à suivre. Une alternative intéressante pour des agriculteurs habitués de faire affaire avec les marchés de Toronto. Par ailleurs, l’orge brassicole est en train de se tailler une place de choix dans les cultures témiscabitibiennes. En effet, depuis quelques étés, de petites pancartes abordant une chope de bière marquent ces champs dont la production est destinée à se retrouver dans la bière. D’autres producteurs se réorientent également vers les productions biologiques, en demande croissante sur les marchés. Au Témiscamingue, à Laverlochère, on fait même pousser du chanvre biologique et à Béarn, on expérimente la culture du safran. Dans quelques mois, alors que l’automne s’amorcera, on sera en mesure de constater à quel point l’agriculture façonne les paysages de la région et contribue à sa beauté. Quand septembre s’amènera et que les champs seront devenus une véritable courtepointe de couleurs et d’abondance, nous serons en mesure de réaliser plus que jamais à quel point l’agriculture est importante pour la région. Non seulement parce qu’elle met de la nourriture sur nos tables, mais parce qu’elle permet d’habiter et d’occuper le territoire. Elle amène la vie dans le fond des rangs, sur les bords de route et comme le disait si bien la dernière pièce du Tandem, contribue à ce que nous prenions racine dans notre région.

*Références : Bases de données et publications du MAPAQ, du ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire, de l’Institut de la statistique du Québec et de Statistique Canada.

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DOSSIER AGROALIMENTAIRE

Quelques saveurs régionales…

Angèle-Ann Guimond, la relève Pour Angèle-Ann Guimond, l’agroalimentaire est d’abord une histoire de famille. Fille des propriétaires de L’Éden rouge, elle se spécialise à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec, où elle y complète un cours en cuisine professionnelle française.

LA RÉDACTION

Line Descoteaux, le retour Il y a 20 ans, Line Descoteaux acquiert Les Chocolats Martine avec Bernard Flébus. Le duo a le vent dans les voiles et fonde un tout nouvel évènement consacré à la mise en valeur de l’agroalimentaire régional. La Foire gourmande de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-Est ontarien nait d’une mobilisation du milieu qui fait fi de la frontière interprovinciale. On est en 2002.

De retour au Témiscamingue, elle intègre l’entreprise familiale avec l’idée de transformer les produits cultivés de la ferme. En 2014, elle crée la première table champêtre de l’Abitibi-Témiscamingue – et encore la seule à ce jour. Le menu que l’on y retrouve témoigne tout autant de la grande créativité de la jeune chef que de sa passion éclatée pour les produits du terroir. Elle est venue au conseil d’administration avec l’objectif de ramener le cœur gourmand de la Foire. «  Un rendez-vous gourmand comme celui de la Foire doit compter parmi son comité des gens du milieu afin d’avoir une idée plus juste de la réalité des agrotransformateurs, producteurs et restaurateurs. C’est en s’impliquant que l’on peut faire bouger les choses », croit-elle.

«  Les auteurs ont leur Salon du livre et ils y sont! Les producteurs, les agrotransformateurs et les chefs ont leur Foire gourmande et on les retrouvera très présents dans la prochaine édition », promet-elle. Les Chocolats Martine, un célèbre classique sucré depuis les débuts de la Foire gourmande, y auront bien sûr leur kiosque.

Paul Brindamour

La Foire connait depuis une croissance lors de chaque édition et devient une vitrine exceptionnelle pour les produits régionaux. Line reste à la coprésidence jusqu’en 2007. Aujourd’hui, dix ans plus tard, elle revient seule à la barre de la présidence. C’est une travaillante assidue qui voit large et qui incite à la mobilisation et à l’action. Pour elle, la Foire gourmande de l’ATNEO est la grande fête de la bonne bouffe régionale. Il va donc de soi que tous les acteurs de l’industrie y soient.

En tant que responsable bénévole des évènements culinaires, elle chapeaute le Bières et saucisses, le BBQ géant, la Foire du soir, les cours de cuisine et la Cuisine en action. L’Éden rouge aura aussi son kiosque en tant qu’exposant. Angèle-Ann a donc plongé dans la Foire gourmande avec toute l’originale vivacité qui la caractérise.

staifany.com 20 L’INDICE BOHÉMIEn JUIN 2017


DOSSIER AGROALIMENTAIRE

Le milieu de l’agroalimentaire solidaire pour la Foire gourmande Stéphanie Fortin

La Foire gourmande de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-Est ontarien (ATNEO) est un évènement dédié à la promotion de l’industrie agroalimentaire en région et à l’organisation d’activités de mise en valeur des produits de l’agrotransformation. Vers la mi-aout, les rives de Ville-Marie se transforment alors que les chapiteaux s’érigent pour une fin de semaine à célébrer les produits régionaux. La gourmandise y est permise en plusieurs déclinaisons!

(responsable des liens avec l’Ontario), Renée Lessard et Jean-Sébastien Gosselin (responsables des exposants). La présidence, quant à elle, est prise par Line Descoteaux, d’ailleurs cofondatrice de l’évènement.

Au fil de ses 16 années d’existence, l’organisme connait des heures de gloire et des défis. Consolider le financement, se doter d’une permanence, récolter des honneurs au régional, au provincial et même au national, tout ce parcours fait en sorte que la Foire gourmande contribue largement à la connaissance – puis à la reconnaissance – des produits régionaux.

Le nouveau comité, qui compte maintenant quatre membres issus de l’agroalimentaire, souhaite poursuivre cette mobilisation du milieu. On désire ramener les producteurs et les agrotransformateurs régionaux au cœur de l’évènement, y multiplier les activités gourmandes et impliquer bon nombre d’intervenants en lien avec le secteur. Les chefs d’Origine Nord-Ouest seront de la partie et l’on verra Yves Moreau très présent dans l’évènement en tant que président d’honneur. Le côté ontarien effectue également un retour en force. Les maisonnettes du Village de Noël de New Liskeard se retrouveront sur le site de la Foire pour y accueillir les artisans et une navette gratuite effectuera le trajet entre Cobalt et Ville-Marie afin de faciliter les liens entre les deux côtés du lac. Le recrutement d’exposants demeure un défi constant. Plusieurs facteurs peuvent intervenir dans leur décision de venir participer ou non à la Foire gourmande : manque de personnel, temps des récoltes, achalandage dans leur entreprise, etc. Constatant qu’une baisse des exposants régionaux se fait sentir, l’organisation entame à l’automne 2016 une série de consultations dans toutes les MRC de l’Abitibi-Témiscamingue et dans le Nord-Est ontarien. La démarche, menée par LEBLEU, vise à aller rencontrer ceux-là mêmes qui font l’essence de l’évènement afin que la grande fête leur ressemble et qu’ils s’y impliquent. L’exercice porte ses fruits : une trentaine d’entreprises contribuent à la discussion. Lors d’une journée de réflexion stratégique, on procède à une assemblée générale spéciale qui permet de pourvoir des postes au sein du conseil, où il ne reste alors que quatre membres : Valéry Roy (responsable des bénévoles), Chloé Beaulé-Poitras (responsable des communications et de la direction artistique), Jean-Guillaume Trottier (responsable des spectacles) et Joanie Gaudet (responsable des finances). S’ajoutent ensuite à eux Angèle-Ann Guimond (responsable des évènements culinaires), Bernard Flébus (responsable de l’aménagement), Jeffrey Gagnon (responsable des bars), Nicole Guertin

Pour la prochaine édition, qui se tiendra les 18, 19 et 20 aout, le recrutement va bon train. À ce jour, on affiche pratiquement complet pour les kiosques agroalimentaires alors que 42 exposants ont confirmé leur présence, dont 38 % proviennent du Témiscamingue, 24 % de l’Abitibi, 24 % du Nord-Est ontarien et 14 % du reste du Québec. Parmi eux, six en seront à leur toute première expérience à la Foire gourmande. Chaque exposant a par ailleurs l’obligation de proposer son produit apprêté en recettes et un sous-comité s’assure également que l’on ne retrouve pas les mêmes types de bouchées de l’un à l’autre. Bref, on souhaite que l’offre soit diversifiée et abondante. Avec les différents évènements gourmands ainsi que les nouveautés promises (cours de cuisine, boutique gourmande, resto gourmand), tout porte à croire que la 16e édition sera en effet plus gourmande que jamais. foiregourmande.ca

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DOSSIER AGROALIMENTAIRE 16e édition

L’agriculture dans les veines

18-19-20

Lise Millette

AOÛT / AUGUST 2017

Dans la famille Bégin, le premier descendant à s’être implanté en Abitibi-Ouest est venu s’y établir en 1933. Il arrivait de Sainte-Germaine-de-Dorchester (aujourd’hui Lac-Etchemin, en Beauce) et a choisi de prendre racine à Sainte-Germaine-Boulé, où il a développé une ferme laitière.

VILLE-MARIE, QC

Patrice Bégin, qui habite le village de Sainte-Germaine-Boulé, complète en ce moment un processus de transfert de la ferme familiale. Ce sera une quatrième génération qui prend le relai, et déjà, la cinquième se prépare. « Mon fils a deux ans et demi. On lui a acheté des petits tracteurs jouets... et il dort avec la nuit », dit-il en riant. Il n’est pas le seul à avoir l’agriculture dans le sang. Bertrand Bégin, son oncle, y a aussi fait carrière; Alexandre et Maxime Bégin ont une ferme de bœufs et de maïs sucré. Sa sœur, qui a étudié en nutrition, a aussi un conjoint qui est dans l’agriculture. C’est sans compter d’autres lignées du patriarche, des Jalbert et des Chabot, qui ont aussi fait de la vie fermière leur mode de vie. « Au fil des générations, la passion a su se transmettre. Pour moi, c’est l’attachement à la terre et aux animaux, mais aussi le mode de vie. Toujours chez nous : je me sens vraiment à ma place », raconte Patrice Bégin. Les couts sont bien sûr un enjeu, mais avec un bassin familial bien établi, les Bégin ont trouvé une manière de moderniser leurs équipements sans avaler seuls la facture. « Avec l’utilisation de la machinerie en coopérative, avec le principe d’utilisateur-payeur, on réduit nos couts de production tout en nous permettant d’acheter une technologie moderne, sans hypothéquer la rentabilité de la ferme », explique Patrice Bégin.

Un court exil pour mieux revenir Patrice Bégin aurait pu compléter une formation professionnelle à Ville-Marie, mais il a opté pour une formation collégiale à Saint-Hyacinthe, en Montérégie. Il y a étudié, bien sûr, mais a aussi pu noter des différences régionales importantes qui vont au-delà du climat et de la taille des fermes. « Ce qui m’a frappé, c’est la situation financière des entreprises. Certaines comptaient 7 générations. Nous sommes une jeune région, mais qui a fait beaucoup de progrès rapidement. On n’a peut-être pas les mêmes affaires, mais il faut être fiers de ce qu’on a pu faire aussi rapidement. Voir de grandes cultures, ça aide à comprendre les décisions politiques, mais j’étais bien content de revenir dans la région. On est bien ici, chez nous. »

Plus gourmande que jamais... Les producteurs et agrotransformateurs!

Les rendez-vous gourmands

$

Plus de 40 exposants agroalimentaires

Bières et saucisses

Le pavillon de l’Ontario

Samedi 19 août / 18h à 21h

mettant en vedette producteurs et chefs du Nord-Est ontarien

La Boutique gourmande Le Resto gourmand Le Bistro SAQ

Accès gratuit

à tous les spectacles

Vendredi 18 août / 19h à 21h

BBQ géant

Cours de cuisine

Voir horaire sur le site web

Le village des

artisans

Le Village des artisans

Venez découvrir les créations de nos artistes et artisans de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-Est ontarien

Scène Loto-Québec Stef Paquette / vendredi 21h

Les Chiens de ruelle / samedi 21h

À 27 ans, Patrice Bégin est encore bien jeune pour prendre la relève de l’entreprise familiale, mais ses parents sont prêts à lui laisser les rênes. Son père n’a que 55 ans, sa mère en a 53, et s’ils ont dit qu’ils s’impliqueront toujours un peu, il sent qu’il devra aussi faire face à ses responsabilités. « Ils vont venir m’aider, mais je crois qu’ils ne s’empêcheront plus », devine-t-il.

Sally Folk / vendredi 22h30

Les Colocs / samedi 22h30

Boomerang / vendredi 00h30

Rusted / samedi 00h30

Préparer le transfert n’est pas non plus une décision qui s’improvise. Les premières discussions ont eu lieu en 2007. « Il fallait préparer l’entreprise, se trouver un bon fiscaliste, un bon comptable, y aller par étape », dit-il. Tout ce processus a aussi permis de jauger du sérieux de sa démarche. « À un jeune qui aurait la passion, je dirais vas-y, ça vaut la peine. Mais il ne faut pas se garrocher tout seul. Des difficultés, il y en a toujours, il faut seulement savoir bien s’entourer », conclut-il avec philosophie et une étonnante maturité. 22 L’INDICE BOHÉMIEn JUIN 2017

Scène du lac Pour informations

819-622-0199

Mainstream / Blitz / Présence algonquine / Belle Lurette / Global Village / Zone 13 / Les Fous de Vassan

foiregourmande.ca


LE MONDE SELON MODÈRE

L’Abitibi-Témiscamingue et ses plaisirs coupables La rédaction

Tourisme Abitibi-Témiscamingue a dévoilé sa campagne promotionnelle estivale 2017 axée sur l’art de décrocher, en mettant de l’avant ceux et celles qui permettent aux gens d’ici et d’ailleurs de découvrir les trésors de notre grande région. « Les visiteurs restent souvent marqués par les gens d’ici. Leur ouverture et leur accueil particulier les touchent, mais aussi leur détermination et leur incroyable créativité », a déclaré Émilien Larochelle, président de Tourisme Abitibi-Témiscamingue. Des musées sur la minéralogie ou les fossiles à découvrir, la mine à ciel ouvert de Malartic avec son belvédère, les visites sous la terre à Val-d’Or, une culture autochtone qui foisonne et l’appétit gourmand mis à l’épreuve à la Foire gourmande : ces différentes facettes sont reprises en nombreux portraits à découvrir sur le site de Tourisme Abitibi-Témiscamingue.

UN IMMIGRANT NOUS REGARDE

PRENDRE RACINE

AU CENTRE D’EXPOSITION D’AMOS... JUSQU’AU 11 JUIN POUR VOIR…

Fednel Alexandre

Plus aucun immigrant ne nous regardera. Peut-être que je ne suis plus assez immigrant pour continuer à nous regarder à distance? Peut-être que je suis enraciné tel que je me dis de souche? Peut-être que ce n’est rien de tout cela. Ou tout cela à la fois. En tout cas, rien n’est plus hypothétique que la position d’un immigrant. Ma seule certitude, c’est que je ne nous regarderai plus. Comme la paresse ou l’altération d’un sens entraine le développement d’un autre, plus affuté, ma mémoire se met en éveil. Bon, d’accord, la mémoire n’est pas un sens. Mais n’est-il pas de bon aloi de se souvenir, comme le préconise notre devise « Je me souviens »? De quoi, me demandera-t-on? Cela me regarde, répondrai-je, mystérieux. Je sais de quoi je me souviens.

COSMONAUTE DE PIERRE BRASSARD

PHOTO : HÉLÈNE BOUFFARD

DÈS LE 22 JUIN, TROIS NOUVELLES EXPOSITIONS :

L’expression «  de souche  » m’a littéralement frappé à mon arrivée au Québec. Est-ce que cela fait référence à l’arbre, langage universel qui invente les hommes? Est-ce que cela trahit une impossible quête d’originalité ou un abus de langage? Est-ce que cela renvoie plutôt au passé du Québec? Faut-il en effet rappeler que jusqu’au début du 20e siècle, l’idée de la souveraineté du Québec s’exprimait dans le repli autarcique des Canadiens français sur les terres à la suite de l’échec des Patriotes en 1837-1838 et du rapport Durham en 1839? Faut-il rappeler que la construction du Québec moderne, incarnée par la Révolution tranquille, s’est modélisée en partie sur cette sacralisation de la terre dont le mythe du Nord représente la plus éloquente expression? Faut-il enfin rappeler que le mythe du Nord conçu et développé par les Rameau de Saint-Père, Buies, curé Labelle et consorts alimente aujourd’hui encore l’imaginaire québécois? L’expression « de souche » a ainsi soulevé beaucoup de questions chez moi. À défaut de la comprendre, j’ai décidé de prendre racine. C’est sans doute le plus grand défi de l’immigrant, ce déraciné fondamental. C’est une entreprise d’autant plus hasardeuse qu’il ignore qu’il est un déraciné au moment de quitter son pays. Il part en se disant qu’il reviendra bientôt. Il ne le sait pas encore à ce moment-là, mais on ne revient jamais de l’exil. Ceux qui ne le comprennent pas vivent dans la nostalgie d’un pays qui n’existe plus. Ils ne prennent jamais racine. Or, l’immigrant est un être tellement éparpillé qu’il doit apprendre à se rafistoler. Il n’est plus tout à fait de là-bas, il n’est plus tout à fait d’ici. Prendre racine, c’est donc se sédentariser, se forger son mythe du Nord. Paradoxalement, cela se fait dans le mouvement, celui de l’ouverture.

CAMP’ART

EST UN CAMP SPÉCIALISÉ EN ARTS PLASTIQUES OFFERT DU 3 AU 7 JUILLET POUR LES 8 À 12 ANS. INSCRIPTIONS DÈS MAINTENANT, FAITES VITE! LES PLACES SONT LIMITÉES. 222, 1re Avenue Est | 819 732-6070 | exposition@ville.amos.qc.ca

Du mercredi au vendredi de 13 h 30 à 17 h et de 19 h à 21 h | Samedi et dimanche de 13 h à 17 h

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LE COEUR DE L’INDICE

Jessica Lesage Comment as-tu commencé ton bénévolat pour L’Indice bohémien? J’étais à une conférence de presse au Petit Théâtre du Vieux Noranda pour couvrir le lancement du nouveau site Web de L’Indice Bohémien. Je découvrais peu à peu l’Abitibi et je rêvais d’ajouter l’écriture à mon arc, ayant fait mes études au cégep de Saint-Jérôme en arts et lettres, option lettres et médias. C’est en discutant avec Astrid Barrette Tessier, lors du lancement, que j’ai compris que la formule pour devenir collaboratrice était aussi simple que de rencontrer Ariane Ouellet, rédactrice en chef. Il ne me restait qu’à faire bonne impression! Je voulais tellement être acceptée, il me semble lui avoir envoyé plusieurs articles pour la convaincre que ma plume était potable! Depuis, je n’ai jamais arrêté d’écrire pour le journal culturel de ma région d’adoption et quand je passe un mois, ce qui est rare, écrire me manque! Cet été, je prends une petite pause le temps d’apprivoiser mon nouveau rôle de maman, mais j’ai déjà bien hâte de composer des textes pour vous cet automne!

Jean-Francois Perron

Denis Trudel, bénévole à la distribution, Rouyn-Noranda Quand, comment et dans quel contexte es-tu devenu bénévole pour L’Indice bohémien? J’ai été recruté par Ariane Ouellet à L’Abstracto en mai 2016. Quelle est ta motivation et pourquoi penses-tu qu’il est important de t’impliquer pour L’Indice bohémien? Je m’implique pour la promotion de la culture régionale. J’aime bien son côté communautaire. Si j’avais un souhait à formuler, ce serait de voir augmenter sa publication et sa distribution. Comment résumerais-tu L’Indice bohémien?

Pourquoi collabores-tu au journal et pourquoi crois-tu que L’Indice est pertinent pour l’Abitibi-Témiscamingue? J’ai toujours cru que L’Indice bohémien était la voix des Abitibiens! Nous pouvons y écrire sur les sujets qui nous passionnent pour transmettre notre amour de la culture aux lecteurs, c’est génial! Cette liberté d’expression est précieuse, alors il faut savoir la cultiver. Chaque style y trouve sa place, chaque collaborateur peut y faire germer ses propos! Je crois que j’avais hâte au printemps en choisissant les termes cultiver et germer pour vous exprimer mon amour envers L’Indice bohémien! Eh bien, n’y allons pas de main morte… À toi qui a le pouce vert et à qui la culture tient à cœur, sache que L’Indice bohémien est un jardin dans lequel il est toujours plaisant de s’aventurer pour y découvrir les couleurs de notre belle région qu’est l’Abitibi-Témiscamingue!

C’est une publication de qualité, accessible et, surtout, indépendante.

Céline Lauzon et Gaétan Langlois de Malartic Comment êtes-vous devenus bénévoles pour L’Indice bohémien? Nous sommes devenus bénévoles il y a trois ans, à la demande d’une bénévole de Val-d’Or connue en voyage. Pourquoi vous impliquez-vous pour L’Indice bohémien? Nous aimons rencontrer les gens, car il est important que les arts soient connus par la population de Malartic. Nous prenons plaisir à lire les évènements passés et à venir et nous espérons pouvoir le distribuer encore longtemps.

L’Indice bohémien existe grâce à ses bénévoles. Nous tenons à les remercier et nous vous les présenterons à chaque mois.

Pouvez-vous résumer L’Indice bohémien en quelques mots? L’Indice bohémien est une mine d’informations utiles à tous.

AMATEUR? PASSIONNÉ? PROFESSIONNEL? Écris pour L’Indice bohémien dès maintenant! MANIFESTE-TOI AU REDACTION@INDICEBOHEMIEN.ORG

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indicebohemien.org

ENVIRONNEMENT

Les critères d’une démarche intégrée de développement durable municipal Maurice Duclos, éco-conseiller diplômé ©

L’improvisation ne semble pas avoir sa place dans un processus de développement municipal. Comme nous l’avons vu dans l’article précédent (paru dans l’édition de mai 2017 de L’Indice bohémien), pour devenir une municipalité durable, nous devons mettre en place une démarche intégrée de développement durable (DIDD). Il nous faut aussi quelques éléments essentiels tels qu’une volonté incontestable des élus en place et de la direction générale, une vision collective, des outils administratifs, des processus participatifs pour les citoyens et les organisations du milieu et plus encore. Ne devient pas municipalité durable qui le veut sans effort concerté. Voyons rapidement ce que tout cela veut dire. Le ministère des Affaires municipales, responsable en grande partie d’encadrer le fonctionnement des municipalités au Québec, décrit les 7 critères de la DIDD : 1- S’engager formellement envers le développement durable et être responsable de sa démarche intégrée; 2- Se doter d’une définition et couvrir les trois dimensions du développement durable; 3- Développer la démarche dans une perspective à long terme; 4- Intégrer la participation des citoyens et des acteurs du milieu; 5- Traiter des enjeux locaux et globaux; 6- Contribuer aux orientations de la stratégie gouvernementale de développement durable; 7- Prévoir un mécanisme de suivi et d’évaluation. Mais encore. S’investir dans une démarche intégrée de développement durable représente un défi qui peut susciter différents questionnements. Par quoi commencer? Quelles étapes faut-il suivre? Existe-t-il des modèles dont il est possible de s’inspirer?

Au salon du livre de l’Abitibi-Témiscamingue Du 25 au 28 mai 2017

www.capteuse-de-reves.com

Les étapes, c’est important En matière de développement durable, chaque municipalité possède sa culture, son contexte, ses besoins et ses objectifs qui lui sont propres. La DIDD d’une municipalité devra ainsi être modulée selon ses caractéristiques. Il est malgré tout possible de diviser une démarche intégrée de développement durable en six étapes générales répondant à des objectifs spécifiques : 1- Structuration de la démarche; 2- Caractérisation des parties prenantes; 3- Portrait et diagnostic; 4- Vision stratégique; 5- Plan d’action et plan de mise en œuvre; 6- Suivi, évaluation et reddition de compte. Il s’agit toutefois d’un modèle général et non d’une méthode applicable dans tous les cas. Une démarche doit demeurer flexible et adaptable.

Des modèles de DD en milieu municipal Plusieurs collectivités québécoises ont entrepris une démarche intégrée de développement durable ou se sont dotées d’un plan d’action de développement durable. Parmi les différentes façons de faire, les démarches suivantes sont adaptées au contexte des organismes municipaux et régionaux. Un organisme municipal ou régional n’a pas l’obligation de suivre à la lettre une démarche ou une autre, il peut l’adapter selon ses besoins. Ainsi, nous retrouvons les démarches The Natural Step, L’Agenda 21 local, La planification stratégique de développement durable, La planification territoriale, Villes et Villages en santé, Fondation Rues principales et Revitalisation urbaine intégrée. Il existe donc une panoplie de choix pour les élus et les dirigeants municipaux afin de mettre en place une démarche intégrée de développement durable au sein de l’appareil municipal. Vos élus peuvent utiliser ces modèles ou s’en inspirer pour en créer un à l’image de leur municipalité et des besoins des citoyens.

Envie de contribuer à la protection de l'environnement? Devenez membre!

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PUBLIREPORTAGE VILLE-MARIE, LAURÉAT DU PRIX PETITE COLLECTIVITÉ 2017 REMIS PAR L’INDICE BOHÉMIEN

LA CULTURE Y EST UNE SECONDE NATURE ! Ville-Marie berceau du Témiscamingue et plus ancienne municipalité de la région compte 2 587 habitants. Ville-Marie a toujours joué un rôle culturel important pour l’ensemble du territoire témiscamien. Les acteurs du milieu culturel y sont très actifs et la population témiscamienne aime y consommer la culture sous toutes ses formes.

Infrastructures en culture La Rift Le Rift est sans contredit le symbole et le moteur de la culture à Ville-Marie et au Témiscamingue. OBNL en entreprise d’économie sociale, seul du type dans la région, reconnu par le CALQ, le Rift regroupe trois entités, soit une salle d’exposition, une salle de théâtre et de cinéma. La culture étant une priorité sur le territoire, plusieurs municipalités y investissent de l’argent chaque année. La Ville de Ville-Marie demeure toutefois le plus gros bailleur de fonds du Rift au niveau municpal. . Maison du Frère-Moffet Site patrimonial, la maison du Frère-Moffet est la plus ancienne demeure en Abitibi-Témiscamigue. Elle a été bâtie en 1881 et est déclarée monument historique. Elle relate l’histoire du Frère-Moffet, une légende du Témiscamingue, qui grâce à son obstination a su créer les bases de la vocation agricole de la région. De plus, les animateurs de la Maison du Frère-Moffet vous transportent dans les rues de Ville-Marie pour vous faire découvrir les anecdotes et les personnages qui ont forgé l’histoire

Art en plein air, accessible à tous Entrées de la ville Les quatre entrées de la ville de Ville-Marie sont bien indiquées par le travail de nos artistes locaux qui ont créé chacun une œuvre pour embellir les points d’entrée sur le territoire de la ville. Philippe Scrive Monsieur Scrive, artiste international est originaire de Ville-Marie etil a fait don d’une œuvre que les visiteurs peuvent admirer près du Parc du Centenaire. Devant la Maison du Frère-Moffet, le buste du Frère Moffet est aussi son oeuvre. Maisons de la rue Notre-Dame Une brochure produite par la Société d’histoire du Témiscamingue permet aux visiteurs d'admirer de nombreuses résidences bourgeoises de style victorien construites dans les débuts de Ville-Marie. Parc des pas perdus Parc dédié aux arts où les artistes peuvent y exposer les sculptures et autres chefs-d’œuvre. Parc la Ribambelle Le parc la Ribambelle est annoncé par l’œuvre de madame Francine Plante.

La participation de la Ville de Ville-Marie

Ville-Marie c’est toutes les entreprises proposant de l’art, des spectacles, de la gastronomie d’ici, etc. C’est aussi ses artistes créateurs d’art et de culture qui font rayonner Ville-Marie et tout le Témiscamingue. Et que dire des divers organsimes qui proposent des cours, ateliers et donnent le goût à notre jeunesse et population le goût de faire et de conseommer de la culture.

www.ville-marie.ca 26 L’INDICE BOHÉMIEn JUIN 2017

Bibliothèque La Bouquine Depuis quelques années, la Ville a positionné sa bibliothèque comme chef de fil au niveau du dynamisme de son offre. Bien sûr, les usagers y retrouvent une sélection diversifiée de lecture à jour, mais également un endroit pour consommer la culture sous toutes ses formes. Grâce à ses expositions, ses thématiques ainsi que les nombreuses animations, conférences, Festival des jeux, 24 heures science et autres. Camp de jour L’art fait partie intégrante de la programmation du camp de jour qui rejoint une centaine d’enfants tous les étés. Des semaines complètes sont dédiées aux arts visuels, musicaux, danse, cinéma, photographie, etc. Une grande place est aussi donnée à l’histoire de l’art et du patrimoine. Semaine de relâche Depuis 3 ans, la Ville de Ville-Marie en collaboration avec le Rift offre deux ateliers en matinée durant la semaine de relâche. Les familles participent toujours en grand nombre.


RÉGION INTELLIGENTE

CRDAT : le retour aux champs MICHEL Desfossés

Le Conseil régional de développement de l’Abitibi-Témiscamingue (CRDAT) laboure d’anciennes terres laissées en friche.

Sol fertile? Oui, mais on n’y verra pas danser les blés, du moins pas la saison prochaine. Qui sont ces laboureurs qui ont attelé les bœufs pour faire remonter à la surface les humus les plus riches? Sur ce début de métaphore agricole, laissons la musique choisie par notre musicologue en résidence, Félix B. Desfossés, nous faire un accord texte-musique.

Des voix inquiètes ont été entendues aussi à la lisière des bois : les travailleurs, surtout les trop rares ressources spécialisées, sont devenus des outardes qui ne s’arrêtent presque plus au nid pour veiller sur le couple et sur la progéniture. Les outardes fly-innent et fly-outent, sans rapport aux saisons. Et les rejetons sont pressés de s’enrôler eux aussi dans cette folle migration. Pour eux, nul besoin de récolter patiemment des savoirs créatifs ou nouveaux sur les bancs d’école. Il y en a qui se préparent de drôles de mois d’aout… quand viendra le temps de payer le 4 roues. Puis, plus que placotage ou pétage de bretelles, tout le monde le dit : nous avons l’audace d’organiser des cérémonies rassembleuses et improbables. Nous sommes de fortes fêtes! C’est simplifié à outrance, mais c’est là quelques-uns des fruits que contenait le panier que le CRDAT a présenté à ses membres en assemblée générale annuelle le 6 mai dernier à Rouyn-Noranda. La quarantaine de personnes présentes y ont trouvé à boire et à manger, mais ont compris aussi que rien ne nous est acquis, pas même le panier!

La suggestion de Félix A Change Is Gonna Come est une chanson emblématique du mouvement afro-américain des droits civiques du début des années 1960 aux États-Unis. Bien que Sam Cooke n’y dénonce pas clairement les inégalités sociales, on ressent dans cette pièce une souffrance intense, un poids historique, mais aussi une résilience et surtout, un espoir : le changement viendra. Aux États-Unis, le peuple afro-américain s’est bel et bien serré les coudes pour, finalement, obtenir gain de cause.

C’est d’ailleurs cela que l’on aurait compris si on avait pris le temps de creuser dans le regard et le silence des premiers occupants de ce territoire. L’on aurait pu y voir les derniers caribous menés vers d’autres pacages par d’étranges bergers.

Le CRDAT? Les laboureurs du CRDAT sont une dizaine de bénévoles. Personne ne les paie pour tenir les manchons de la charrue. Ils ont sillonné les cinq coins du territoire en mars et avril pour savoir comment se porte l’idée de région. Ont donc entendu les échos du bout du champ. À leurs appels, 70 citoyennes et citoyens ont répondu en prenant part aux travaux de cette tournée. Au gré des échanges, le vent a colporté que l’économie se porte bien. Faible taux de chômage et gros salaires dans les terres du milieu. Bien, très bien. Mais les valeureux laboureurs ont entendu aussi que la participation citoyenne aux grands débats n’est plus valorisée. Les élus désormais veilleront au grain. Ils ont appris que la démographie de la région cache des tendances inquiétantes : exil des jeunes et même réflexe des babyboumeurs qui, parfois, quittent la ruralité faute de services, mais sortent également de la région pour rejoindre leurs enfants et petits-enfants hors de l’Abitibi-Témiscamingue.

Le Conseil régional de développement de l’Abitibi-Témiscamingue, dans sa version 2.0, hérite de la tradition de concertation instituée il y a 50 ans par le Conseil économique régional du nord-ouest du Québec, le CERNOQ. Cette première instance est née d’une volonté d’assurer un meilleur développement social et économique. Il s’agissait bel et bien d’une initiative citoyenne. Avec le temps, les gouvernements se sont succédé et ont instrumentalisé ces tables aux fins de la régionalisation de leurs programmes. Puis, le gouvernement Couillard, abolissant les Conférences régionales des élus, a enlevé l’obligation de concertation des élus avec la société civile. Aucune participation citoyenne n’est désormais nécessaire. La gouvernance est sous la responsabilité des élus locaux. La notion de dossiers régionaux devient donc maintenant aléatoire, selon l’intérêt que les élus de chaque territoire porteront aux enjeux. Le CRDAT ne dispose d’aucun soutien financier autre que son membership. Pour plus d’info : crdat.ca

DESIGN : EQUIPELEBLEU.COM PHOTO : HUGO LACROIX

FESTIVAL DES GUITARES DU MONDE UNE SUPERBE 13e ÉDITION

MERCI AUX NOMBREUX FESTIVALIERS, À NOS FIDÈLES PARTENAIRES ET NOS DÉVOUÉS BÉNÉVOLES!

PROCHAIN RENDEZ-VOUS DES GUITARES DU MONDE À ROUYN-NORANDA : MAI 2018

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MUSIQUE

Le legs ou écouter la Racine de la poésie André Gagné

Du 19 au 22 juillet 2017

S’il y a longtemps que les chansons vous ont donné la force de brailler, si vous pensez qu’on ne peut plus changer le monde, écoutez Le legs de Jean Racine; montez le son, fermez les yeux, ouvrez le cœur, laissez pleurer vos larmes, danser la vie.

Val-d’Or

Espérez que vos radios en fassent autant; sinon, vissez votre calotte plus serrée encore, ajoutez un autre collier en or, crachez sur les femmes depuis votre gros char, changez de langue pour chanter au sud, oubliez les arbres, les amis et perdez le nord. Si le pays est incapable d’entendre ces chansons avec bonheur, il peut oublier l’idée même d’être souverain un jour; c’est trop beau, l’intelligence, la poésie et l’amour.

Fred Fortin Les soeurs Boulay

Le blues du parc de La Vérendrye

Dessin illustration : Tatouage Le Wendigo

frimat.qc.ca

JEAN CARon

Émile Bilodeau La bronze Louis-Philippe Gingras Lubik Vertige Saturn’s Assembly Mordicus Francis Faubert Guillaume Rivard Vulvets Shawn Wine & the Winos Caravane Van Tassel Les Génies Bouchard Marjolaine Morasse

Traverser le parc de La Vérendrye en écoutant l’album de Jean Racine, un blues de plus de cent milles, profond comme les lacs que l’on y croise. Traversez le parc du sud au nord avec sa poésie comme bruit de fond va vous donner le gout de faire demi-tour et de retraverser ce parc du nord au sud.

Se faire traverser par les mots et les musiques de Jean Racine, que l’on va peut-être oublier avant même de le connaitre, si les médias continuent de faire tourner nos voisins jusqu’à ce que toutes nos mémoires s’effacent sans même leur demander de le faire. C’est comme traverser un pays où les jeunes sont beaux et brillants, mais ne savent pas de qui on parle quand on nomme Félix Leclerc, Raôul Duguay, Richard Desjardins et Gilles Vigneault. Les forces de la poésie n’ont rien à voir avec les sonnets, les quatrains et les rimettes; elles ont à voir avec les battements de cœur, la densité des rêves, la résilience face à la légèreté de l’homme, au poids des amours, à la beauté des femmes, et bien sûr, avec tout ce que mes limites m’empêchent de nommer. Traverser un pays immense et sublime dont les habitants en refusent la propriété, alors qu’il suffisait de dire oui, c’est presque incroyable. NDLR : Le legs est le premier et dernier album de Jean Racine. L’artiste ne devait se produire qu’une seule fois, mais il remontera sur scène le 3 juin à La Sarre et le 10 juin à La Motte. Et après? Il part pour les chantiers, a-t-il prévenu.

MA RÉGION, J’EN MANGE

Filets de porc à la gelée de pissenlit Chef et maitre pâtissier Régis Hélin - Les Becs Sucrés-Salés ET Gilles Hamel, journaliste

Viande

Sauce

Préchauffer le four à 180 °C (350 °F).

Récupérer le bouillon de poulet et le mettre dans un chaudron et ajouter la crème. Laisser réduire la sauce 2 minutes à feu élevé. Rectifier l’assaisonnement.

Dans une poêle, faire dorer les ognons et l’ail dans le beurre à feu moyen une dizaine de minutes. Saler et poivrer. Laisser tiédir.

Pour 4 personnes

INGRÉDIENTS 2 10 1 1 c. à thé 1 1 3 c. à soupe 1 tasse ½ tasse

filets de porc de 454 g (1 lb) chacun tranches de bacon frais ognon haché ail haché finement pot de gelée de pissenlit fromage Angélus beurre bouillon de poulet crème 35 %

Sur un plan de travail, couper les filets de porc en portefeuille, c’est-à-dire en 2 sur la longueur sans les détacher complètement. Les ouvrir comme un livre, répartir la farce aux ognons sur toute la longueur de chaque filet, ajouter le fromage Angélus et la gelée de pissenlit. Refermer, envelopper les filets ainsi garnis dans le bacon, ficeler. Colorer les filets dans une poêle avec un peu d’huile.

Présentation

Placer les filets dans un plat allant au four, ajouter le bouillon de poulet. Cuire au four environ 20 minutes.

Déficeler et trancher le porc, puis le napper de sauce. Accompagner de légumes colorés.

Après 20 minutes de cuisson, retirer les filets de porc.

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MUSIQUE

Quand la balado débarque à Val-d’Or Valérie Gourde

Le 18 juillet prochain, en préouverture du FRIMAT, se tiendra l’enregistrement d’une nouvelle baladodiffusion, Quand pensez-vous?, avec Francis Murphy, Geneviève Béland et Paul-Antoine Martel, en direct du Bar à poutine Chez Morasse de Val-d’Or. Cette émission « sérieuse mais pas sérieuse » sera disponible pour téléchargement sur le Web par la suite. Quand pensez-vous? aura un format d’une durée d’une heure environ, enregistrée devant public à une fréquence qui sera déterminée suite à l’enregistrement de la première émission. Francis agira comme animateur grâce à ses talents de communicateur et son leadeurship et Geneviève et Paul-Antoine seront à ses côtés comme coanimateurs/chroniqueurs. « Ça fait un bout de temps que j’avais ce projet en tête, sans même savoir qu’il y avait un buzz sur les baladodiffusions et j’ai donc approché Geneviève et Paul-Antoine », dit Francis Murphy. « L’émission ne fera pas uniquement de l’humour. On veut de la substance, de la réflexion et une structure. On veut passer des messages, mais avec un ton ludique. Mais nous ne serons pas une émission d’affaires publiques », ajoute Geneviève. Le trio n’en est pas à sa première expérience radio, loin de là. Les nostalgiques se rappellent entre autres de l’émission La loi de Murphy, enregistrée en direct du mythique bar Le Rafiot, d’une émission de radio Le royaume de Diane Tell et de la Chicane dans le cadre du FME à Rouyn-Noranda et plus récemment de l’émission télévisée La Chasse aux Rumeurs qui déterrait de vieilles histoires valdoriennes. Les trois animateurs ne cachent pas qu’ils sont fans de l’émission de radio La soirée est encore jeune, diffusée à Ici Première et également disponible en balado. « C’est certain que cette émission-là nous inspire, car c’est l’une des premières fois à la radio où on entend un milieu entre de l’humour vide et des émissions d’affaires publiques très sérieuses », fait remarquer Geneviève.

« Le but premier de l’émission sera de divertir le public qui assistera à l’enregistrement et créer une ambiance qui donnera le gout aux gens de Val-d’Or de se rendre au Bar à Poutine pour les futurs enregistrements », affirme Francis. « Si nous réussissons à créer un happening lors de l’enregistrement, notre mission sera accomplie », ajoute Geneviève. Le trio espère ratisser un public large grâce à la diffusion sur le Web et en raison de l’absence de barrières géographiques. « La baladodiffusion permet une certaine forme de liberté, une absence de censure, qui va nous permettre d’aborder n’importe quel sujet, avec intelligence et humour. On veut jouer avec les décalages de tons », mentionne Paul-Antoine. Les gens qui connaissent l’humour de Francis, les talents d’improvisateur de PaulAntoine et l’intelligence de Geneviève ne seront pas en terrain inconnu avec cette émission. Le trio tentera, grâce à des segments thématiques qui varieront d’une émission à l’autre, d’utiliser l’humour pour décortiquer des situations banales ou simplifier des dossiers plus complexes de façon humoristique. Il est également possible que l’émission accueille de temps à autre des « vedettes » d’envergure locale ou provinciale. Soyez aux aguets, la première émission sera enregistrée le 18 juillet à 17h en préouverture du FRIMAT devant public au Bar à Poutine Chez Morasse. Tenez-vous informé sur la page Facebook Quand pensez-vous? Qu’est-ce qu’une baladodiffusion? les lignes suivantes s’adressent à un public pas très techno. Selon un article paru dans La Presse + le 6 mai dernier, « une balado est un fichier audio (ou vidéo) plus ‘‘nichée qu’une émission de radio traditionnelle et qui peut prendre plusieurs formes : fiction, émission d’affaires publiques, entrevue, documentaire. […] On peut l’écouter quand on veut et où on veut, il suffit de télécharger un fichier sur son ordinateur, son téléphone ou son iPod ».

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POSTE D’ÉCOUTE

Vivant : la vie à coups de guitare et de batterie Avec son deuxième album, Vivant, le groupe rock francophone Lubik revient avec du nouveau matériel qui déménage. Fidèle à ses racines abitibiennes, le groupe offre quelques clins d’œil la région avec « Abitibi power », une pièce passablement instrumentale si ce n’est que ce slogan, « Abitibi power », que le chanteur s’écrie à quelques reprises ou encore « Clerval », nom d’un petit village dont fait partie l’ile Nepawa. De son côté, la chanson, « Esti qu’on est bin » rappelle un peu Marc Déry avec Zébulon, mais avec un son résolument plus révolté. Avec Vivant, Lubik impose sa signature et son style assumé. Les quatre membres ne sont manifestement plus au même endroit qu’en 2014, moment où ils ont présenté Jusqu’au boutte. Cela dit, même avec une livraison plus lourde et pesante, Lubik pourrait bien rallier non seulement les adeptes de « gros rock », mais aussi les amateurs de musique un peu plus brute aux textes soignés.

lubik.bandcamp.com Lubik sera en spectacle en juin au Amnesia Rockfest de Montebello, puis le 1er juillet au Festival de la chanson de Tadoussac.

Lydia Képinski : de faux airs d’innocence Jeune artiste de 24 ans, Lydia Képinski a fait la tournée Route d’Artistes, qui était de passage en Abitibi-Témiscamingue en mai. La jeune femme génère un habillage candide avec lequel elle jongle pour se jouer de l’amour, parler de trahison et s’allier aux mensonges. Mais il ne faut pas s’y méprendre, sa voix tantôt claire, tantôt minaude, tantôt feutrée porte des textes qui n’ont rien d’un jardin d’enfants. Pas d’innocence dans les propos et les textes de ce EP lancé en novembre 2016 : « Viens, je vais t’apprendre à mentir on pourra faire croire aux autres ce que tu voudras » (Extrait de la pièce « Apprendre à mentir ») Lydia Képinski, notamment révélée dans Les Francouvertes, est une voix à surveiller. Les quatre pièces rassemblées sur son premier extended play permettent d’apprivoiser cette voix qui s’exprime en souffles et en respirs, avec des profondeurs dures et sans compromis : « Je pourrais te dire qu’un jour on aura un pays à vrai dire je pense qu’on n’en mérite même pas » (Extrait de la pièce « Apprendre à mentir »)

lydiakepinski.com/playmusique

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CALENDRIER CULTUREL JUIN 2017 Gracieuseté du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue

Musique Justin St-Pierre 1er juin, 19 h 30 Service culturel de Val-d’Or 3 juin, 17 h Le Rift (VM) Paul DesLauriers Band 2 juin Resto-Bar La Relève (LS) Bellflower 3 juin, 20 h Le Rift (VM) Jean Racine 3 juin, 20 h Salle Desjardins (LS) 10 juin, 20 h Centre communautaire de La Motte L’Orchestre La Bande sonore 4 juin, 19 h 30 Auditorium de l’École d’Iberville (RN) Révélation Radio-Canada Classique BLEU : Pantone 306 U Caroline Gélinas 10 juin, 19 h 30 Agora des Arts (RN) Chorale En sol mineur 11 juin, 16 h Théâtre du cuivre (RN) Rites de passage Émile Bilodeau 22 juin, 21 h 30 Resto-Bar La Relève (LS) J’reviens chez nous Troupe À Cœur ouvert 28 juin, 20 h 1er juillet, 14 h 30 Salle Desjardins (LS)

Cinéma Le destin des dangereux 1er juin, 19 h 30 Le Rift (VM)

Littérature La Belle et la Bête 2 juin, 19 h 30 3 juin, 13 h 30 et 19 h 30 4 juin, 19 h 30 7 juin, 19 h 30 8 juin, 19 h 30 Le Rift (VM)

Danse Spectacle-Voyage Le bonheur est dans la danse Nomadanses 10 juin, 19 h Salle Félix-Leclerc (VD) Spectacle du campus J. About 1er juin, 19 h Salle Pierre Legault (Roquemaure) Il était une fois Centre de musique et de danse 3 juin, 20 h 4 juin, 14 h Service culturel de Val-d’Or GRIS : Pantone 423 U

Expositions Souvenirs Jeannot Hamel La fontaine des Arts (RN) Jusqu’au 10 juin Ce qu’il y a derrière l’écorce Jusqu’au 11 juin Centre d’exposition d’Amos Mobilisations 02 Jusqu’au 11 juin Centre d’exposition d’Amos L’éternité le jour après Martin Beauregard Du 9 juin jusqu’au 17 septembre MA (RN) Gaétan Larivière La Galerie d’art Vision Vassan 9 juin au 31 aout

Foire artistique (collectif) Du 17 juin au 10 septembre Le Rift (VM) Du réel à l’imaginaire Jusqu’au 30 juin Galerie Notre-Dame (Lorrainville) Bêtes à poils Du 17 juin au 10 septembre Le Rift (VM) Les sept grands-pères Frank Polson Du 23 juin au 27 aout Centre d’exposition de Val-d’Or Les lieux de cœur Du 23 juin au 27 aout Centre d’exposition de Val-d’Or Une route vers l’avenir Jusqu’au 1er septembre Société d’histoire de La Sarre

Jeune public Inventer le pays Christine Comeau Jusqu’au 18 juin Centre d’exposition de Val-d’Or Bestiaire imaginaire de Mibo Jusqu’au 18 juin Centre d’exposition de Val-d’Or Gala Mëmëgwashi Jusqu’au 8 juin Salle du Théâtre Télébec (VD) À hauteur d’enfants Jusqu’au 18 juin Centre d’exposition de Val-d’Or

Heure du conte 6 juin, 10 h Bibliothèque d’Amos 14 juin, 18 h 30 Bibliothèque d’Amos 17 juin 10 h Bibliothèque d’Amos Club de lecture 14 juin, 18 h 30 Bibliothèque d’Amos Vente annuelle de livres Corcovado 28 et 29 juin Aréna Réjean-Houle (RN)

Humour Stéphane Poirier (souper spectacle) 7 juin, 18 h Pub Chez Gibb (RN)

DIVERS Journée nationale des autochtones 21 juin Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or Week-end de la Saint-Jean-Baptiste Festival du camion de Saint-Félix-de-Dalquier 23 au 25 juin St-Félix-de-Dalquier Festivités de la Saint-Jean-Baptiste 23 juin 3e Avenue, Val-d’Or Agora naturelle, Amos Souper retrouvailles 100e de La Sarre 30 juin, 17 h Sous le chapiteau du 100e, rue Principale

Pour qu’il soit fait mention de votre activité dans ce calendrier, vous devez l’inscrire vous-même, avant le 20 de chaque mois, dans le calendrier qui est accessible sur le site Web du CCAT, au ccat.qc.ca. L’Indice bohémien n’est pas responsable des erreurs ou des omissions d’inscription. L’INDICE BOHÉMIEn JUIN 2017 31


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Témabex Par Samuelle ramSay-Houle

La première fois que j’ai pris connaissance des services offerts par Témabex, j’étudiais à l’UQAT, au campus de Rouyn-Noranda. C’est là qu’un gentil monsieur qui faisait l’entretien ménager me saluait tout sourire. Toutes les fins de semaines passées à l’UQAT m’amenaient ce petit moment convivial de rencontrer le même monsieur toujours aussi heureux d’être là, de faire son travail et de saluer les gens qui allaient et venaient au sein de l’établissement. Par la suite, c’est à plusieurs reprises dans mon parcours personnel et professionnel que j’ai eu des contacts ou que j’ai entendu parler des services de Témabex. J’ai pu avoir une bien meilleure idée de l’historique, de la mission et des services qu’offre cette entreprise en rencontrant M. Jean-Pierre Roy, Directeur général.

parTicipez au pOleeSaT.cOm

Sur l’enTrepriSe auTeure...

Témabex, c’est plus de 140 employés déployés dans les institutions, les entreprises publiques et privées, les commerces et les édifices de Rouyn-Noranda et des environs. Plus que les services offerts, l’entreprise d’économie sociale est un véritable moyen pour ses employés de se prendre en mains et de développer une autonomie, non seulement au travail, mais dans le quotidien. Comme il s’agit d’une entreprise d’économie sociale, tous les profits sont réinvestis au sein même de l’entreprise, pour embaucher davantage de personnel ou pour faire des projets de développement qui bénéficient à l’ensemble du secteur économique. Les petits succès quotidiens d’employés qui réussissent à s’épanouir grâce à leur milieu de travail sont sans aucun doute les plus belles retombées de l’entreprise.

Témabex, c’est une équipe extraordinaire qui s’est donné la mission d’intégrer les personnes ayant des limitations dans un environnement de travail sein. Pour ce faire, ils offrent principalement des services d’entretien ménager, de location de maind’œuvre et de location de salles, notamment dans le secteur de Rouyn-Noranda. Cette mission, c’est depuis 1969 qu’ils s’efforcent de la mettre en œuvre. Beaucoup de choses ont évoluées depuis la création de l’entreprise, dont le contexte sociopolitique, le mode de financement et le modèle organisationnel, mais Témabex demeure un pilier en ce qui concerne l’employabilité et l’occupation des personnes ayant des limitations.

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CLUB De GoLf BeATTie De LA SARRe

Les Pierres du Nord est une entreprise qui oeuvre dans le domaine de la production de pierres d’aménagement et de minéraux industriels. L’entreprise démarre en 1999 alors que Gérard houle, jusqu’alors prospecteur de métier, débute les activités d’exploitation de carrières de pierres. Depuis, une carrière de pierres d’aménagement paysager est en fonction à Montbeillard (RouynNoranda). Une autre est en exploitation à Témiscaming (Témiscamingue). Celle-ci destinée à la production de matériel qui entre dans la fabrication de dalles de marbre. Récemment, l’entreprise a ajouté une corde à son arc avec la production de blocs d’argile destinés à une clientèle du secteur minier. en parallèle, l’entreprise continue la prospection pour de futurs développements.

Développement économique Canada pour les régions du Québec appuie financièrement la SADC


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